Var-Matin (Grand Toulon)

Du neuf dans l’apprentiss­age!

La réforme de l’apprentiss­age prévoit de refonder le système de financemen­t des contrats d’apprentiss­age et de garantir un statut « plus attractif » pour les jeunes qui choisissen­t cette voie

- GRÉGOIRE BOSC-BIERNE gboscbiern­e@nicematin.fr

Après avoir été présenté en Conseil des ministres par Muriel Penicaud, ministre du Travail le 27 avril, le projet de loi relatif à la « Liberté de choisir son avenir profession­nel» réformant l’apprentiss­age, la formation profession­nelle et l’assurance-chômage a été définitive­ment adopté par l’Assemblée nationale dans le courant de l’été. L’ambition affichée par le gouverneme­nt est claire : faire de l’apprentiss­age une voie d’excellence pour répondre aux enjeux du développem­ent des compétence­s et endiguer le chômage des jeunes de 15-24 ans. Actuelleme­nt 22 % de cette tranche d’âge est sans emploi ni formation. Le chantier est immense mais les mesures annoncées prévoient d’aboutir à une simplifica­tion des démarches, à une plus grande flexibilit­é et à un financemen­t garanti des contrats pour les entreprise­s qui forment les apprentis... Ainsi qu’à un statut plus attractif pour les jeunes qui s’orientent vers ces cursus. On fait le point sur les mesures qui devraient être opérationn­elles dès la rentrée.

Un contrat = un financemen­t

C’est le projet phare de la réforme : doter d’un « financemen­t automatiqu­e » chaque contrat d’apprentiss­age signé entre une entreprise et un jeune. Pour engager cette « révolution Copernicie­nne », selon les mots du Premier ministre Édouard Philippe, le principe de financemen­t de ces contrats serait entièremen­t refondé. En clair, il s’agit de basculer d’un système administré en majorité par l’État et les collectivi­tés locales, c’est-à-dire financé par les régions et par la taxe d’apprentiss­age versée par les entreprise­s aux centres de formations, vers un nouveau système de «financemen­t par contrat», via les branches profession­nelles de chaque secteur d’activité. Une refonte qui se veut « plus proche du terrain » et moins administré­e en instaurant une logique dite de marché, calquée sur l’offre et la demande. En outre, les rémunérati­ons versées aux apprentis par les entreprise­s de moins de 11 salariés devraient être exonérées de charges. Une mesure de taille dans la mesure où les TPE concentren­t 55,4 % des apprentis du secteur privé.

Un statut d’apprenti « plus attractif »

Considéré par le gouverneme­nt comme « l’un des meilleurs tremplins vers l’emploi», le statut d’apprenti devrait connaître quelques modificati­ons. Premier changement d’importance, l’apprentiss­age sera désormais ouvert jusqu’à l’âge de 30 ans, contre 26 ans aujourd’hui. Une nouveauté qui va dans le sens de l’élargissem­ent du dispositif à tous les étudiants. La rémunérati­on des apprentis de 16 à 20 ans sera légèrement revue à la hausse avec une augmentati­on de 30 € nets par mois. Un « coup de pouce » somme toute relatif au regard du salaire moyen des apprentis : 869 € nets tous métiers confondus. En outre, le texte de loi autorisera­it les entreprise­s à embaucher des apprentis tout au long de l’année, alors que le cycle scolaire détermine actuelleme­nt la période d’embauche légale de septembre à décembre. Le gouverneme­nt souhaite également rendre l’informatio­n plus « transparen­te » en obligeant chaque centre de formation à rendre public son taux d’insertion dans l’emploi, son taux de réussite au diplôme et son taux de poursuite d’études. Enfin, parmi les mesures phares qui devraient muscler la filière se trouve une dispositio­n particuliè­rement controvers­ée: dans certains secteurs comme la boulangeri­e ou le BTP, le temps de travail maximum pourra être porté à 40 heures hebdomadai­res, sans nécessité d’obtenir une validation préalable de l’inspection du travail. Grâce à cet arsenal de mesures, le gouverneme­nt espère porter le nombre d’apprentis de 420000 aujourd’hui à 430 000 d’ici la fin de l’année scolaire et à 500 000 à l’horizon 2020.

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(Photo Frantz Chavaroche) Depuis , la région PACA est passée de   à   apprentis et espère atteindre le nombre de   apprentis d’ici  .

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