Profession : artisan défenseur du patrimoine Ollioules
Sans eux, certains joyaux de notre patrimoine auraient sans doute disparu... Rencontre avec des artisans hors-pair sur le chantier de rénovation de la Maison du Patrimoine
Perchés sur le haut de leur petit échafaud, Angelo et Solène semblent imperturbables aux sons des débats enflammés qui sortent du poste radio posé à leurs côtés. Tant pis pour le fond sonore musical. De toute façon, lorsqu’on prête vraiment l’oreille, ce sont surtout leur scalpel qu’on entend, gratter, picoter, récurer. Autour des deux restaurateurs en peinture s’étendent, du sol au plafond, les vestiges d’un riche passé architectural et décoratif. Nous sommes au 20, rue Gambetta, en plein centre d’Ollioules. Et à première vue, rien n’indique que derrière l’imposant échafaudage qui ceint le bâtiment de cette petite rue piétonne, se cache un joyau du patrimoine provençal. Étudier les ornements et autres moulures qui composent ce décor, c’est comme remonter le temps, jusqu’à l’Antiquité. Les travaux de rénovation de la « Maison des Têtes », plus communément appelée « Maison du Patrimoine », ont débuté au printemps dernier.
Méthodique et habile
Pour les deux artisans d’Atelier Sud France, chaque millimètre carré a son importance. La perfection se cache souvent dans les détails. «C’est pour cela qu’il faut
être méthodique et très habile », commente Angelo Strazzeri. La mission de ces deux funambules de la restauration consiste d’abord à « nettoyer et dégager les couches de badigeon, qui ont été posées sur les gypseries» au fil des années, voire des siècles passés. « Et avant de pouvoir travailler sur les couleurs, on doit donc mettre en valeur toutes ces sculptures qui ont
perdu de leur relief ». C’est là que l’équipe de Philippe Bertone rentre en jeu. Son boulot : restaurer les nombreuses gypseries qui font la beauté du lieu, tout en préservant son style (lire par ailleurs). Tel est le leitmotiv de tous les artisans engagés sur ce chantier. « Rester fidèle » à ce qui se faisait à l’époque. Le XVIIe siècle en l’occurrence.
Un temps où « les questions d’accessibilité n’étaient évidemment pas les mêmes qu’aujourd’hui », comme le constate Guillaume Rastit, conducteur de travaux. Sa mission à lui : « renforcer la structure du bâtiment, tout en respectant l’aspect patrimonial de la maison ». Pour cela, l’équipe des Compagnons de Castellane a du pain sur les… planchers. Lesquels doivent en effet être renforcés à tous les niveaux par « un système de plancher connecté qui va répondre aux normes actuelles ». Ensuite, les maçons pourront alors s’attaquer à la création de l’ascenseur mais aussi d’un escalier secondaire avec des artisans du bois, eux aussi spécialisés dans la préservation du patrimoine.
Trésors cachés
Personne ne sait aujourd’hui qui a construit et décoré cette bâtisse. Placardé à l’entrée du bâtiment, un panneau indique toutefois que « l’ensemble témoigne de l’opulence des notables ollioulais de l’époque ». Pour Angelo, c’est aussi ce qui fait tout le charme du métier. « Quand on arrive sur des chantiers comme celui-ci, on peut tomber sur de vraies surprises en découvrant des trésors cachés, comme dans l’émission Des racines et des ailes. » « Ce qui est passionnant, enchaîne Solène, c’est que chaque chantier est différent. Nous, on n’est pas là pour créer des choses mais juste pour leur redonner de la lisibilité en pensant aux générations futures. »