Au village, on souhaite que ça se passe bien
La présence de nombreux journalistes en ce lundi matin de septembre à Châteaudouble, est un indice de l’intérêt suscité par la venue des réfugiés. Le maire répond aux questions des médias : « Ils arrivent cet après-midi, on vient de me dire ça. Je suis mis devant le fait accompli, témoigne Georges Rouvier. Tout ce que je souhaite, c’est que ça se passera bien ». Jennifer, une artiste locale, vient le voir pour lui montrer la lettre (truffée de fautes d’orthographe) qu’elle vient de recevoir. Des insultes et des menaces signées d’un nom et d’une précision « un souverainiste identitaire ». La jeune femme fait partie des personnes qui avaient protesté contre la venue la semaine dernière de Marine Le Pen. Elle assure : «Jene laisse pas passer, je vais porter plainte ». Une autre habitante de Châteaudouble a reçu une lettre similaire. Jennifer a déjà proposé à la responsable du CAO d’animer bénévolement des ateliers de peinture, et a apporté sur place des vêtements, des couvertures, de la vaisselle. « Certains me disent sur les réseaux sociaux d’aider les Français d’abord. Je l’ai toujours fait. Les vêtements de mon fils qui ne lui allaient plus, je les donnais au Secours populaire et maintenant je les dépose dans des sacs propres directement dans les quartiers de Draguignan. Moi, je considère que si un être humain se sent rejeté, il rejettera les autres, s’il se sent accepté, il fera de même ». Et de poursuivre : «À l’école on ne parle pas trop de ce sujet, on veut juste retrouver la paisibilité du village ». À la terrasse du cercle Saint-Martin, Nicolas discute potager et jardinage avec des amis. Il était aussi du rassemblement des Châteaudoublains contre la présence de la présidente du RN. Et il l’assume : « J’ai pris des coups par l’entourage de Marine Le Pen. Ils étaient hyper virulents. Ces gens-là n’étaient pas là pour demander la réouverture de la route des gorges de Châteaudouble. Ce sont des opportunistes. Pourtant, le village a perdu 30 % de son activité à cause de la route fermée. Sans parler de la fracture numérique. Ces pauvres migrants, ils vont se barrer d’eux-mêmes quand ils vont voir qu’ils ne peuvent pas communiquer avec leur famille par Internet. La TNT ne marche que sur parabole, pas avec les rateaux. Ici, on ne pèse rien dans la balance. Et les gens du RN, on ne les a pas vus au moment des inondations... » Nicolas répète ce qu’il a déjà dit plusieurs fois aux journalistes, s’agissant des réfugiés : « On en fait quoi de ces gens-là, on les jette à la mer? » Lui s’y refuse.