La dolce vita tropézienne avec des coordonnées bancaires piratées
Incontestablement, Loïc Touenguene ne manque pas de prestance. Ni d’éloquence, comme a pu en juger le tribunal correctionnel de Draguignan. Il jugeait hier en comparution immédiate ce trentenaire, aux origines camerounaises et à la stature élancée, digne d’un basketteur de la NBA. Cette allure avantageuse a sans doute rassuré les hôteliers du golfe de Saint-Tropez, qu’il a escroqués une grande partie de l’été. Elle lui a aussi permis de figurer en bonne place sur l’album photo des soirées où il fallait être, aux côtés de Paris Hilton ou Naomi Campbell. Désargenté, parce que sans emploi pour le moment, ce résidant des Hauts-de-Seine a mené grand train dans la presqu’île, aux frais de la princesse… ou plutôt des personnes aisées dont il utilisait les coordonnées bancaires à leur insu.
Escroc par amour
Dans le box, il reconnaissait intégralement les faits, et s’en est excusé auprès de l’une de ses victimes. Quant au mobile ? « Ça a été fait par amour ,at-il assuré aux magistrats. Ma compagne descendait dans le sud, et je n’avais aucun moyen de la retenir. J’ai fait ça pour passer quelques jours avec elle dans le sud. » Il s’agissait plutôt de quelques semaines, voire quelques mois, puisque les quatre escroqueries qui lui étaient reprochées s’étalaient du 14 juillet au 13 septembre, dans des hôtels de Saint-Tropez, Ramatuelle et Grimaud. Réservant ses séjours sur Internet, Loïc Touenguene fournissait des coordonnées bancaires luxueuses, sur des comptes en Allemagne, aux États-Unis, en Belgique et en Chine. Il changeait d’hôtel chaque semaine, se faisant servir des repas dans sa chambre. Certaines factures ont été refusées.
Coup d’essai ?
« J’ai trouvé ces coordonnées sur un marché noir qu’on appelle le black market .Jene connaissais pas. J’ai fait des recherches et j’ai essayé pour voir si ça marchait. » Le procureur Michael Darras n’y croyait pas. «Les vingt-deux références bancaires utilisées, ça ne se trouve pas aussi facilement qu’il le dit. Soit il sait parfaitement où se servir, soit c’est un hacker confirmé. Il y a pour 6700 de préjudice pour les quatre hôtels concernés. Mais il y a des trous dans son calendrier, et je crains qu’on ne trouve d’autres établissements victimes. » Le tribunal a suivi ses réquisitions pour condamner Loïc Touenguene à un an de prison, dont quatre avec sursis et mise à l’épreuve, avec obligation d’indemniser les victimes. Il a été maintenu en détention.