Des moyens pour La Seyne
Au terme d’un entretien de cinquante minutes, hier à Matignon, le maire se montre satisfait de l’oreille attentive que lui a accordée Édouard Philippe. Engagements à la clé
Après avoir sollicité à plusieurs reprises un entretien avec le Premier ministre durant l’été, et encore la semaine dernière, au lendemain d’un double meurtre commis à Berthe (nos éditions précédentes), Marc Vuillemot a pu aborder, hier en fin d’aprèsmidi avec Edouard Philippe, la «situation gravissime » que connaît La Seyne. Il nous relate cet échange.
Quel est votre ressenti au sortir de cet entretien avec le Premier ministre ? Je l’ai senti vraiment très conscient de la situation que nous connaissons, et très préoccupé des conséquences. Il a été très, très à l’écoute, y compris de la liste de doléances que je formule depuis plusieurs mois maintenant. Certes, il n’y a pas d’annonces immédiates. Mais il a bien pris la mesure des besoins en ressources humaines et logistiques pour les forces de police. Il m’a aussi confirmé la venue du ministre de l’Intérieur sur le territoire du Grand Toulon dans les prochaines semaines. Et à cet égard, on doit pouvoir s’attendre à ce que des annonces de moyens pour la police soient faites, concrètement, à cette occasion.
C’est déjà une première satisfaction pour vous ? Oui, car le Premier ministre est très au courant de ce qu’il se passe à Marseille et des conséquences graves de cette situation qui nous concernent. Il partage notre analyse sur le fait qu’il s’agit de phénomènes relativement récents, et que si on intervient fortement maintenant, on a une chance de régler ce problème. Il est conscient de la nécessité d’agir de façon forte et efficace, par le biais de moyens de police supplémentaires.
Êtes-vous tout de même déçu que La Seyne ne figure pas dans la liste des « quartiers de reconquête républicaine » annoncée hier par le ministre de l’Intérieur ? Gérard Collomb n’a fait qu’annoncer la liste publiée en février . J’avais certes demandé à ce que nous soyons rajoutés à la liste, ou inscrits sur une liste complémentaire. Et même s’il ne l’a pas affirmé formellement, le Premier ministre a eu un propos pour dire qu’il fallait faire quelque chose et qu’il aborderait cette question avec le ministre de l’Intérieur. Aussi, quand ce dernier viendra, je pense qu’il annoncera que nous pourrons disposer de moyens supplémentaires de policiers dans l’attente, peut-être, d’une nouvelle vague de “quartiers de reconquête républicaine”.
Au-delà des moyens de police, Édouard Philippe a-t-il pris d’autres engagements ? Oui, il a été très attentif à tout ce qui concerne la prévention de la délinquance, et s’est engagé à intervenir auprès du ministre de l’Éducation nationale afin que des moyens supplémentaires puissent être attribués à nos écoles situées en zone d’éducation prioritaire. Mais aussi en faveur de la médiation urbaine, en mobilisant un dispositif tel que celui des “adultes relais”. Il a aussi évoqué l’attribution de moyens en matière de caméras de vidéoprotection. Et, ce qui m’a le plus surpris : il a fait part d’une possible rallonge pour notre Plan de rénovation urbaine (PRU) portant sur le quartier Berthe. A savoir que nous pourrions disposer de moyens permettant d’intervenir dans les lieux où existe le trafic de stupéfiants, et notamment pour la démolition de la tour du Germinal A. Il a d’ailleurs demandé à ses collaborateurs de voir cela avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. Et cela serait, pour nous, quelque chose de non négligeable.
Le Premier ministre vous a-t-il indiqué pourquoi il n’était pas venu à La Seyne la semaine dernière, alors qu’il était en visite à Toulon ? C’était une question de gestion de son temps. Mais ce n’est pas le plus important pour moi, même si j’aurais aimé lui faire entendre la parole de mamans du quartier afin qu’il mesure l’inquiétude et la détresse des habitants. Toujours est-il que l’entretien que nous avons eu ce mardi me semble bien plus efficace que si on s’était croisé formellement quelques minutes la semaine dernière. Et lorsque nous nous sommes quittés, il m’a redit l’attention très forte qu’il porte aux territoires seynois et métropolitain.
Des moyens de police pour agir de façon forte et efficace ” Vers une démolition de la tour du Germinal A ”
Sur le plan politique, vous avez également porté un message ? Oui, je l’ai alerté sur le fond politique de la situation. Elle ne fait pas le lit des républicains de droite, de gauche ou du centre, mais de ceux qui n’aiment pas la République, comme les personnes radicalisées ou les politiques d’extrême-droite. Et ce sur point aussi, nous avons eu une analyse partagée.
Au final, vous êtes satisfait d’avoir pu exposer vos doléances directement au chef du gouvernement, comme vous le souhaitiez ? Oui, nous avons d’ailleurs échangé sur ce point, et il a parfaitement compris pourquoi – au travers de mes récents courriers – je n’interpellais pas seulement le ministre de l’Intérieur pour apporter des réponses à la situation que nous connaissons. Et le Premier ministre est d’accord pour dire que la situation doit, certes, amener d’urgence des moyens de police, mais que la dimension de prévention pour tout le reste, y compris le PRU, justifiait que je m’adresse à lui.