Rapt parental de Camille : bientôt huit ans d’absence
La grand-mère et une tante maternelles de la petite Carqueirannaise comparaissaient hier devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour « complicité de soustraction d’enfant »
Adelheid Hauff et Lucille Majani ont-elles aidé la mère de la petite Camille Chauvet à disparaître avec l’enfant ? La question est de nouveau posée à la justice alors qu’Alain Chauvet n’a plus revu sa fille depuis Noël 2010 à Carqueiranne. Les deux femmes contestent leurs condamnations à deux ans de prison par le tribunal correctionnel de Toulon (nos éditions du 4 novembre 2016). La cour d’appel d’Aix-enProvence a donc rouvert ce dossier devant un père «épuisé »parun combat resté vain jusqu’à présent. Les deux femmes sont soupçonnées d’avoir participé à « la disparition sociale » de Priscilla Majani. Elles assurent ne plus avoir de nouvelles depuis des années. L’ingénieure militaire de la Direction générale de l’armement (DGA), en poste à Cuers, s’est volatilisée avec Camille en février 2011 après avoir tenté par tous les moyens d’écarter Alain Chauvet. Demande de mutation, plainte mensongère pour viol et enfin cette vie clandestine qui perdure aujourd’hui encore.
Questions sans réponses
Adelheid Hauff, 81 ans, s’est chargée de liquider les affaires courantes de sa fille Priscilla qui avait laissé des instructions détaillées (résiliation de bail, du téléphone, etc.), mais aussi un code pour éviter les filatures et déjouer les écoutes téléphoniques (au cours desquelles les prévenues ne s’inquiètent pas de la disparition de Priscilla Majani et de Camille). La grand-mère s’est notamment occupée du déménagement de sa fille dont les comptes bancaires ont été vidés par virements de plus de 17 000€. Pour les reverser en liquide à la fugitive ? L’octogénaire n’a fourni aucune explication aux questions des magistrats, agacés par ses réponses : « Je ne me souviens pas. » Lucille Majani, 50 ans, salariée chez Air France, ne s’est pas montrée plus convaincante. Cette mère célibataire a récupéré –« à ma grande surprise », dit-elle – la voiture de sa soeur et tenté de réaliser une opération bancaire avec une photocopie de sa carte d’identité. Autant «d’actes qui ont permis à Priscilla de ne pas sortir »desacachette, selon Me Olivier Ferri aux intérêts d’Alain Chauvet – qui n’a pas eu droit à la parole. Sur la même longueur d’ondes, l’avocate générale a requis la confirmation du jugement de Toulon. En défense, Mes Tarik Abahri et Nicolas Duval ont plaidé la relaxe. Selon eux, le délit de « complicité » n’est pas caractérisé. « Le déménagement n’était pas indispensable à la commission des faits.» Et de souligner l’absence de contacts avérés entre les prévenues et la mère en cavale. «L’enquête ne démontre pas d’implication, les poursuites reposent sur des hypothèses et des suppositions. Le doute doit profiter aux prévenues.» La cour d’appel tranchera en novembre. D’ici là, Camille Chauvet, qui avait 5 ans quand elle a disparu, aura atteint l’âge de 13 ans. « Peut-être qu’un jour son père la retrouvera totalement lobotomisée par cette bande de malades »,a lancé Me Olivier Ferri.
mars
Priscilla Majani est condamnée par défaut à un an de prison pour « non-représentation d’enfant ».
avril
Priscilla Majani est condamnée par défaut à deux ans de prison pour « dénonciation mensongère et calomnie ».
novembre
Priscilla Majani est condamnée par défaut à trois ans de prison pour « soustraction d’enfant » La grand-mère et la tante de la fillette, reconnues coupables de « complicité », écope de ans de prison. Elles font appel.