Procès Pastor à Aix : des témoins nez à nez avec le tueur
L’assassin de la milliardaire monégasque Hélène Pastor et de son chauffeur a agi à 19 heures sur le parking de l’hôpital l’Archet à Nice, devant une dizaine de témoins sidérés
Marion était étudiante en médecine le 6 mai 2014. Elle sortait à pied de l’hôpital l’Archet de Nice en compagnie de Walid, un ami, quand elle a perçu une détonation. « Comme un pneu qui éclate », précise-t-elle hier devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône qui examine l’affaire depuis lundi (lire nos éditions de mardi). Vers 19 heures, elle s’est retrouvée nez à nez avec le tueur de la milliardaire monégasque Hélène Pastor et de son chauffeur, Mohamed Darwich. Appelée à témoigner en public la jeune femme se dit « un peu choquée », par la scène qu’elle a vécue. Voix à peine audible, mains jointes et crispées, Marion paraît surtout profondément traumatisée. « Je me souviens d’une personne en survêtement noir, décrit-elle. Avec un sac de sport en bandoulière et une arme. Il est passé devant nous et a traversé la route. »
« Hélène Pastor m’a parlé »
Le président Guichard vient à son aide en lisant son audition devant les policiers le lendemain du drame : « Vous avez vu un homme se pencher, regarder dans la voiture, mettre son arme contre la fenêtre et tirer. » Le témoin acquiesce : « Nous sommes restés figés .» L’individu est parti en courant tout en rangeant l’arme dans son sac. L’ami de Marion, lui, est entré dans l’habitacle de la voiture pour serrer le frein à main de la voiture qui dérivait, au ralenti, ses occupants criblés de plombs. C’est au tour de Philippe, domicilié à Vence (Alpes-Maritimes), d’être entendu comme témoin. Il était devant l’hôpital l’Archet, dans une chaise roulante après un AVC, fumant une cigarette. Il a échangé quelques mots avec Hélène Pastor qui venait de rendre visite à son fils Gildo, en convalescence après une rupture d’anévrisme. « Cette personne âgée était très aimable », se souvient Philippe. « Elle m’a dit que son fils avait été aussi hospitalisé pour un AVC. Elle disait qu’il fallait garder espoir, que la médecine avait fait des progrès. » Philippe est persuadé d’avoir vu le tireur ouvrir la portière de la Lancia Voyager avant de faire feu. Ce qui paraît peu probable. Il s’agace qu’on puisse mettre en doute son témoignage.
Un problème de taille
L’avocat général Cortes évoque « un phénomène assez connu des cours d’assises » : « Un témoin agglomère des informations lues ou entendues à un souvenir réel. » À l’issue de cette journée où se sont succédé des témoignages fragilisés à la fois par l’émotion, la sidération et le temps, Me Denis Fayolle, l’avocat de Samine Said Ahmed, le tireur présumé, ne cache pas sa satisfaction. « Nous avons eu une succession de témoins du crime, ce qui est rare dans ce type d’affaire », remarque le conseil : « Tous disent à peu près la même chose à propos de l’homme qui a tiré. C’est un homme de petite taille, voire de taille moyenne, environ 1,70 m. » Said Ahmed, qui a toujours nié sa participation au double assassinat, mesure 1,80 m. « Cela pose difficulté » ,noteMe Fayolle. L’avocat général Cortes rectifie : «Monsieur Said Ahmed mesure 1,76 m.» D’autres témoins, notamment les chauffeurs de taxi qui ont pris en charge les deux accusés, seront entendus ce jeudi.