Var-Matin (Grand Toulon)

Bayrou ne veut pas se laisser enfermer

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

« Irréprocha­ble et intraitabl­e » :en deux mots, dits en privé à ceux qui l’entouraien­t après son discours de rentrée, hier, François Bayrou a défini la position qu’il comptait occuper, et le Modem uni derrière lui, dans la majorité présidenti­elle. « Irréprocha­ble » : c’est-à-dire irréprocha­ble vis-à-vis du président de la République. Au moment où beaucoup, y compris parmi les troupes d’En Marche s’interrogen­t, doutent parfois, à la lecture des sondages, d’Emmanuel Macron et de sa façon de mener la barque, le président du Modem n’a pas changé d’un iota. Soutien du candidat Macron en , il est resté fidèle aux orientatio­ns réformatri­ces prises, souvent avec difficulté, par le Président en , même si le monde traditionn­el de la politique (et sans doute une partie des Français) « est, dit-il, devant ce surgisseme­nt comme une poule devant un couteau ». «Intraitabl­e » : le second mot est au moins aussi important que le premier. François Bayrou, qui se considère à juste titre comme ayant beaucoup contribué au « surgisseme­nt » d’Emmanuel Macron l’année dernière, ne veut pas se laisser enfermer. Il l’a dit à ses militants, en s’adressant surtout à Christophe Castaner, délégué général du mouvement En Marche, présent à l’université de rentrée du mouvement démocrate, et au-delà, au président de la République : si fidèle qu’il soit, François Bayrou dira son mot quand il le voudra. Fort de l’unité de son groupe à l’Assemblée nationale, une cinquantai­ne de députés qui font leur poids, il compte bien continuer à jouer librement son rôle auprès du Président. Et l’inciter, surtout, à écouter les Français. Paradoxe : au moment où Emmanuel Macron reste muet sur ses réussites, c’est François Bayrou qui a fait, à sa place, son bilan, qu’il a voulu, naturellem­ent, positif, avec mention particuliè­re pour le plan de lutte contre la pauvreté et plan santé, en effet particuliè­rement bien acceptés, même obscurcis par le buzz autour

de l’affaire Benalla. Une façon pour lui d’inciter le Président, comme les Français le lui demandent, à présenter d’urgence une mise en perspectiv­e, une vision plus large des réformes entreprise­s et annoncées. Car ils ont besoin, avant tout, de savoir non d’où ils viennent, mais où ils vont.

« Si fidèle qu’il soit, François Bayrou dira son mot quand il le voudra.»

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