Bayrou ne veut pas se laisser enfermer
« Irréprochable et intraitable » :en deux mots, dits en privé à ceux qui l’entouraient après son discours de rentrée, hier, François Bayrou a défini la position qu’il comptait occuper, et le Modem uni derrière lui, dans la majorité présidentielle. « Irréprochable » : c’est-à-dire irréprochable vis-à-vis du président de la République. Au moment où beaucoup, y compris parmi les troupes d’En Marche s’interrogent, doutent parfois, à la lecture des sondages, d’Emmanuel Macron et de sa façon de mener la barque, le président du Modem n’a pas changé d’un iota. Soutien du candidat Macron en , il est resté fidèle aux orientations réformatrices prises, souvent avec difficulté, par le Président en , même si le monde traditionnel de la politique (et sans doute une partie des Français) « est, dit-il, devant ce surgissement comme une poule devant un couteau ». «Intraitable » : le second mot est au moins aussi important que le premier. François Bayrou, qui se considère à juste titre comme ayant beaucoup contribué au « surgissement » d’Emmanuel Macron l’année dernière, ne veut pas se laisser enfermer. Il l’a dit à ses militants, en s’adressant surtout à Christophe Castaner, délégué général du mouvement En Marche, présent à l’université de rentrée du mouvement démocrate, et au-delà, au président de la République : si fidèle qu’il soit, François Bayrou dira son mot quand il le voudra. Fort de l’unité de son groupe à l’Assemblée nationale, une cinquantaine de députés qui font leur poids, il compte bien continuer à jouer librement son rôle auprès du Président. Et l’inciter, surtout, à écouter les Français. Paradoxe : au moment où Emmanuel Macron reste muet sur ses réussites, c’est François Bayrou qui a fait, à sa place, son bilan, qu’il a voulu, naturellement, positif, avec mention particulière pour le plan de lutte contre la pauvreté et plan santé, en effet particulièrement bien acceptés, même obscurcis par le buzz autour
de l’affaire Benalla. Une façon pour lui d’inciter le Président, comme les Français le lui demandent, à présenter d’urgence une mise en perspective, une vision plus large des réformes entreprises et annoncées. Car ils ont besoin, avant tout, de savoir non d’où ils viennent, mais où ils vont.
« Si fidèle qu’il soit, François Bayrou dira son mot quand il le voudra.»