Digues, bambous, épis... contre l’érosion
Les communes littorales investissent de plus en plus pour protéger les plages de l’érosion. Car l’enjeu touristique est majeur. Or le phénomène ne date pas d’hier. L’érosion est liée à plusieurs facteurs. La configuration du littoral, tout d’abord. À chaque tempête, ce sont des milliers de m3 qui partent au large. Le problème, c’est qu’ils ne reviennent pas. Une grande partie est emmenée là où les fonds sont trop profonds pour qu’une petite houle puisse ramener ces matériaux naturellement. Et dans les baies les plus ouvertes, les coups de mer sont dévastateurs. Mais d’autres facteurs sont venus accentuer ce phénomène. Comme l’urbanisation à outrance dans des secteurs qui auraient pu (ou du) être préservés. De nombreuses villes varoises comme Hyères, Sainte-Maxime ou La Seyne-sur-mer ont d’abord tenté de « réensabler » leurs plages. Avec plus ou moins de succès. Car « cette méthode, explique Gil Bernardi, est surtout satisfaisante sur le court terme mais nécessite une granulométrie adaptée et exige de lourds investissements ». D’autres solutions plus originales sont testées, comme au large de Villeneuve-Loubet où un « rideau de bambous » a été installé début 2 018. Ainsi, quand la mer se déchaîne, les plantes accompagnent la houle, la freinent, absorbent son énergie. Ce rideau composé de tiges de bambous reliées entre elles et lestées, a été immergé à 5 m de profondeur et à 100 m de la plage pour amortir les vagues avant qu’elles n’atteignent la côte. Encore plus naturelles, les posidonies jouent elles aussi leur rôle contre l’érosion. En mer, ces herbiers atténuent considérablement l’effet de la houle. «Les feuilles rejetées sur le bord de plage captent le sable et permettent aussi de limiter l’effet des vagues, note Frédéric Pons. Or,à une époque on les enlevait, mais aujourd’hui les communes ont une gestion plus raisonnée. » Mais pour cela, encore faut-il sensibiliser les gens (surtout les touristes !) qui n’ont pas toujours conscience des bienfaits de ces précieuses plantes aquatiques…
Un mille-feuille de sable et de posidonie à La Seyne
À La Seyne-sur-mer et tout particulièrement au niveau de Mar Vivo, TPM (à qui revient la gestion des plages) a par exemple annoncé procéder cet hiver à un rechargement de la plage en « millefeuille ». Ou en « lasagnes », si l’on préfère le sucré plutôt que le salé. L’idée est donc de disposer des couches alternées de sable et de posidonies. Deux digues immergées avaient déjà été installées à la fin des années 1980 pour contrer l’effet de la houle et le désensablement récurrent de la plage. Mais, trois décennies plus tard, le dispositif n’a pas suffi à stopper l’érosion. Preuve qu’ici comme ailleurs sur la côte méditerranéenne, c’est en additionnant les dispositifs que la lutte contre l’érosion se révélera la plus efficace possible. La municipalité seynoise étudie à présent l’option d’un « rechargement » important de ses plages, qui serait accompagné de l’aménagement de « butées » (renforts sous-marins, au bas de la pente de la plage), qui permettra de maintenir le sable qui aura été déposé. Même principe ou presque à Sainte-Maxime. Après deux longues années d’études des différents aménagements à mettre en place, la municipalité a annoncé retenir l’idée de l’implantation de digues (notamment à La Nartelle et à la Croisette) mais aussi de tubes géotextiles. Le coût de l’opération, estimé entre 10 et 13 millions d’euros, devrait être réparti sur une dizaine d’années, la ville souhaitant consacrer environ un million par an à la lutte contre l’érosion.