Var-Matin (Grand Toulon)

Même en après-saison, les plages animent le conseil

À l’occasion du conseil de rentrée, les débats ont été vifs, mais sans virulence. Concession­s des plages, formation des jeunes ou encore l’écoquartie­r de la commune ont suscité des réactions

- S. A. saboutaqi@nicematin.fr

Au Lavandou, les conseils municipaux ne sont pas de tout repos. Et celui de mardi soir n’a pas dérogé à la règle. Les élus de la commune ont débattu durant 3h30. Au menu, pas moins de 33 délibérati­ons. «C’est la rentrée. Après presque trois mois sans se réunir, c’est l’occasion de se retrouver en pleine forme », lançait avec une pointe d’humour le maire, Gil Bernardi. Et d’emblée, les débats ont été lancés, dès les premières délibérati­ons qui concernaie­nt les concession­s de plages de La Fossette, d’Aiguebelle, du Layet, et de Cavalière. L’occasion pour Jean-Laurent Félizia de poser une série de questions «d’intérêt premier», a-t-il souligné. «Est-ce qu’il y aura un regard attentif sur la conservati­on du trait de côte?». Ah, l’éternelle problémati­que de la conservati­on du littoral. Un volet que connaît à la lettre le premier magistrat, également président du SCLV (Syndicat des communes du littoral varois). «C’est une question sur laquelle on travaille depuis des années. On arrive à avoir une tendance plus affinée et qui nous permet de passer au stade 2, c’est-à-dire la demande d’AOT (Autorisati­on d’occupation temporaire) que nous solliciton­s auprès des services de l’État pour aménager des ouvrages de protection éventuelle pour limiter les «dégâts». (...) Un travail est nécessaire entre toutes les communes du littoral pour s’accorder. Deux réunions sont prévues le 12 octobre et le 15 novembre pour mettre en place une équipe projet qui permettra de développer et discuter de ce qu’on a fait au sein de la commune, à titre expériment­al, avec l’immersion de sacs antiérosio­n. Une méthode qui fonctionne». «Et de quelle nature sont les sacs? renchérit Jean-Laurent Félizia. Ils finissent par déverser des particules fines qui sont dégagées en mer et qui ne sont pas forcément très propres puisqu’il ne s’agit pas de plastiques recyclés. J’attire encore l’attention là-dessus. Il ne faudrait pas qu’on remplisse la baie de Cavalière par des particules néfastes…». Réponse immédiate du maire, qui se veut rassurant: « Ilya très peu de risques. Les sables qui permettent de remplir les sacs ont fait l’objet d’un choix précis. Ce sont des sacs qui ont une “double peau”, une matière agréée par l’État. Il faut se rendre compte que c’est une technologi­e développée dans d’autres pays européens, aux Pays-Bas, en Belgique notamment, et qui fonctionne très bien. C’est très surveillé technologi­quement. On a une charte très contrôlée».

Plages, plages... et encore les plages

Si l’on pensait que les débats sur les plages étaient bouclés – surtout en après-saison – il n’en était rien. Au chapitre de la formation des jeunes, les débats ont été relancés. Et cette fois, c’est la sécurité des plages dont il a encore été question. «Afin d’aider les jeunes Lavandoura­ins à passer le BNSSA (Brevet national de sécurité et de

sauvetage aquatique) et ainsi leur permettre de travailler par la suite en qualité de surveillan­t de baignade sur les plages de la commune, je vous propose de prendre en charge à 100% la formation de ces jeunes. Car c’est confortabl­e d’avoir des locaux pour assurer la sécurité des baigneurs. Notre but est d’assurer un degré maximum de sécurité quand on voit tous les accidents de la mer», lançait le maire, en présentati­on de la délibérati­on. Et Thierry Saussez de réagir sur la nécessité d’avoir des CRS sur les plages, malgré les décisions nationales (notre édition du 15 août 2018). Il attire l’attention des pouvoirs publics sur « l’aspect primordial de la sécurité des usagers de la mer et des plages, surtout quand on voit le niveau de fréquentat­ion de nos plages». Un point de vue partagé par le maire, qui souligne son interventi­on personnell­e auprès du préfet. « J’ai envoyé deux lettres entre août et début septembre. Nous aurons une explicatio­n le 12 octobre. Je partage cette

analyse de la sécurité des plages, qui ne concerne pas que la mer mais les plages dans leur ensemble. Mais si l’État a décidé de stopper les CRS sur les plages… ». Pour rappel, cet été, la ville a bénéficié de CRS sur son littoral. Un gage de sécurité et surtout une présence rassurante pour les touristes et baigneurs.

« Une platitude qui ne vous ressemble pas »

Autre sujet de discorde entre le maire et ses opposants: l’écoquartie­r de la commune. À l’occasion du compte rendu annuel de la concession d’aménagemen­t «Écoquartie­r Le village», Thierry Saussez n’a pas manqué de réagir et faire un bilan négatif de« cet écoquartie­r qui est un double échec: d’une part urbanistiq­ue et d’autre part sur le plan démographi­que et sociologiq­ue». Et de proposer: «Il faut faire respirer ce quartier que vous allez encore surdensifi­er alors qu’il l’est déjà. La deuxième chose que vous pouvez faire, c’est faire des petits programmes, c’est-à-dire vendre des petits terrains quand vous en avez besoin afin de les mettre à dispositio­n des jeunes Lavandoura­ins qui attendent des logements, sans aller jusqu’aux excès que sont aujourd’hui ceux de cette réalisatio­n». Stupéfacti­on dans le camp du premier magistrat. Le maire n’a pas caché son étonnement, non sans ironie : « C’est tout? Eh bien c’est court et d’une platitude qui ne vous ressemble pas. C’est hallucinan­t, je vous rappelle que vous-même et votre groupe avez voté à l’unanimité la création de cet écoquartie­r. Vous avez été tenu au courant de son évolution. On ne veut pas rajouter de logements à outrance, mais faire une bonne répartitio­n de l’espace. Ne faites pas de confusion: ce n’est pas un rajout de logements à ce qui existe déjà. Il s’agit d’équipement­s supplément­aires (création de deux voies d’entrée/sorties supplément­aires à ce périmètre ndlr). Ces logements, vous les avez voulus et aujourd’hui vous les critiquez, c’est un peu facile…» «Cette surdensifi­cation ne fonctionne pas ; c’est tout ce que je fais remarquer!», rétorque alors l’opposant, avant une interventi­on de Jean-François Isaia, conseiller municipal dans la majorité: «J’entends des choses qui me chagrinent sur cet écoquartie­r. Il faut penser aux jeunes Lavandoura­ins! S’il n’y a pas ce programme d’aménagemen­t village, les jeunes ne pourraient pas se loger. Je trouve que c’est très bien. Les appartemen­ts sont magnifique­s, les logements sont neufs et les gens sont très heureux d’y être. Il faut arrêter de dire des bêtises sur cet écoquartie­r et plutôt saluer sa réalisatio­n». Et Gil Bernardi, «atterré par des critiques sur des points qui ne sont pas à l’ordre du jour», de conclure: «Je n’ai pas entendu une seule fois parler des normes respectées par ce projet alors que c’est ce qui doit être mis en avant, que ce soit dans les normes environnem­entales dans les bâtiments, dans les aménagemen­ts pour l’eau, sur les stationnem­ents…». La délibérati­on a reçu quatre votes contre.

 ?? (Photo S. A.) ?? Entouré de ses adjoints, le maire de la commune, Gil Bernardi, a répondu aux interrogat­ions et remarques de l’opposition, en grande forme pour ce conseil de rentrée.
(Photo S. A.) Entouré de ses adjoints, le maire de la commune, Gil Bernardi, a répondu aux interrogat­ions et remarques de l’opposition, en grande forme pour ce conseil de rentrée.

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