Var-Matin (Grand Toulon)

L’interview  % « Barré »

Pierre-Emmanuel Barré, l’humoriste qui n’aime pas « l’humour bienveilla­nt et jamais vulgaire » fera son stand up au théâtre Colbert de Toulon, demain et samedi

- PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE PALA

On s’attendait à un grand méchant et Pierre-Emmanuel Barré est presque plus gentil qu’il n’y paraît, un peu triste de se faire traiter de sale con dans la rue. L’ancien chroniqueu­r radio et télé prévient pourtant dans la présentati­on de son spectacle que pour l’humour bienveilla­nt et jamais vulgaire, vaut mieux aller voir Kev Adams. Une interview «barré»e s’imposait.

Barré, c’est votre vrai nom ? Oui, c’est mon vrai nom. J’avais pas le choix. C’est mieux par exemple que... merde ! C’est quand même beaucoup mieux.

C’est mieux que « Sale con », votre pseudo sur Twitter peutêtre... Oui, voilà. Alors « Sale con » sur Twitter, je le regrette un peu (petit rire peiné). Comme mon premier spectacle s’appelait Pierre-Emmanuel Barré est un sale con, après il y a beaucoup de gens qui m’appelaient « sale con » dans la rue, et on continue de m’appeler comme ça dans la rue. Bon, ben maintenant, j’ai pris l’habitude. C’est pour ça que le nouveau spectacle s’appelle Nouveau spectacle.

Dans ce Nouveau spectacle, vous abordez la pédophilie, les handicapés, les prostituée­s, les bébés... Vous faites barrage à l’autocensur­e apparemmen­t... Je ne fais pas d’autocensur­e. Il y a beaucoup d’actualité. Et puis, il se trouve que j’aime bien les blagues de bites. Alors il y a quand même aussi pas mal de blagues de bites. Je dis souvent que c’est de l’« actualibit­e ». C’est pas si noir que ça, c’est drôle avant tout. Je ne veux pas que ce soit choquant et je ne cherche pas d’ailleurs à choquer.

Combien de personnes se barrent avant la fin ? Parce que mine de rien, votre présentati­on laisse sousentend­re que ça peut être choquant. Oui, mais personne ne s’en va jamais. Il y a déjà des gens qui l’ont fait avec mon ancien spectacle. Mais c’est vrai qu’avec la médiatisat­ion, les chroniques à la télé, la radio, les gens savent un peu ce qu’ils vont voir.

Tout le monde croit que vous avez été viré de France Inter suite à une chronique sur l’abstention avant le second tour de la présidenti­elle de , mais c’est vous qui vous êtes barré, en fait... Oui, c’est vrai. C’est une vieille histoire, c’est pas très intéressan­t...

Dans le spectacle, vous n’épargnez pas Emmanuel Macron. Vous le trouvez barré ? Non, il faudrait barrer son visage, mais non, il n’a pas grand-chose de barré. Il sait très bien ce qu’il fait et il sait très bien où est son intérêt. Il ne fait pas trop d’écarts, il sait très bien où il va. Il n’y a aucune folie, ni rien, à mon avis. Il est beaucoup trop sérieux.

Donald Trump, tout le monde le trouve plus barré ,non? J’aime bien Trump parce que j’ai toujours eu envie de voir la fin du monde, et lui, il fait quand même tout ce qu’il peut pour l’accélérer.

C’est mal barré pour Alexandre Benalla, alors que Médiapart vient de publier un selfie le montrant tenant une arme, pendant la campagne présidenti­elle, alors qu’il n’avait pas le port d’arme. Vous avez envie de le défendre aussi ? Euh, non, non en général, je n’ai pas envie de défendre les copains de Macron. En plus, il est grotesque, il ment tout le temps, c’est assez marrant. Déjà, quand ce sont des flics qui frappent des manifestan­ts, je ne suis pas content. Alors quand c’est même pas des flics... ça commence à faire beaucoup.

Vous vous en prenez aussi à Laurent Delahousse. Pour vous, pas mal de journalist­es devraient barrer leur carte de presse ? Là, je trouve qu’ils se sont bien rattrapés, parce que Macron se fait allumer un peu partout. J’ai changé beaucoup de choses d’ailleurs dans mon spectacle depuis que je suis venu jouer à Toulon, il y a un peu plus d’un an. Il y a toujours Laurent Delahousse, parce qu’effectivem­ent, on pourrait barrer sa carte de presse sans problème.

Tous ces sketches ont fait barrer votre nom de pas mal de listes d’amis ? Non, non, je ne crois pas que cela m’ait porté préjudice pour des invitation­s dans des émissions télé notamment, même si je ne pense pas que je pourrais refaire ce que je faisais à Canal + par exemple, ou faire ailleurs ce que j’ai fait à France Inter. Je ne me suis pas vraiment fâché avec des gens. Je n’ai pas eu de problèmes juridiques, ni rien. Un peu plus quand j’étais à Canal +, mais à France Inter, non. Les gens ne le prenaient pas mal. Je pense que quand c’est suffisamme­nt rigolo, même un filloniste peut rigoler sur François Fillon.

Vous étiez quand même fâché avec Manuel Valls... Oui. C’est lui qui avait appelé une ou deux fois quand j’étais à Canal +, pour demander à ce que je sois sorti de l’antenne. C’est ce qu’on m’a dit. Je ne l’ai pas eu en direct. Je n’aurais pas décroché ! Mais on n’était pas amis et il n’a pas réussi en plus.

Savoir + Pierre-Emmanuel Barré, stand up vendredi et samedi au théâtre Colbert, à 20h30, tarifs de 25 à 30 euros. www.lecolbert.fr

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(Photo DR) Pierre-Emmanuel Barré revendique le droit à un humour décapant.

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