Sitôt ouvert... sitôt fermé
Coup de théâtre malgré l’inauguration, samedi : sans autorisation d’ouverture, le lieu culturel ferme pour un temps et décale ses rendez-vous. Le concert d’Olivia Ruiz risque d’être annulé
Tout était pourtant parti comme une lettre à la Poste pour le Télégraphe. Ce lieu culturel imaginé par François Veillon, fils de la nutritionniste Marion Kaplan, créatrice du célèbre vitaliseur, a passé en début de semaine dernière la barre des 200 abonnés, avant même son inauguration, samedi soir, dans l’ancien bâtiment historique du centre-ville. Le concept : original. Proposer concerts, conférences de haut vol, ou encore sessions de danse, méditation ou yoga moyennant un système d’abonnement à 20, puis 30 euros par mois. Si l’inauguration a bien eu lieu et fut belle samedi soir pour les abonnés (lire ci-dessous), le bonheur aura été de courte durée. François Veillon y annonçait déjà en ouverture l’annulation de la journée portes ouvertes prévue ce dimanche, destinée à faire découvrir les lieux à de futurs abonnés. La cause : un avis défavorable de la commission de sécurité. La programmation devait être maintenue, ainsi que nous l’avions annoncé.
Reprise mi ou fin octobre
Réveil difficile hier matin, après une soirée ponctuée de plusieurs visites policières, qui n’ont pas pour autant entaché la fête. Alors que Michel Landolfini, adjoint à la sécurité de la Ville nous détaille que « la commission s’est réunie et a relevé des éléments ne pouvant pas permettre l’autorisation de l’ouverture », cela dès vendredi dernier, François Veillon, qui argue avoir juste organisé une soirée privée, samedi, a décidé pourtant de mettre de l’eau dans son vin. « Nous allons fermer le lieu pendant quelques semaines. On va décaler la programmation qui était prévue les deux prochaines semaines pour une période à déterminer, soit jusqu’à la mi-octobre, soit la fin octobre », nous a-t-il appris hier. Concernant la tête d’affiche de cette ouverture attendue le 5 octobre:« Il est probable qu’Olivia Ruiz selon son emploi du temps ne puisse pas remettre son concert. » Après un référé infructueux, le dirigeant, qui évoque un important préjudice financier, a prévu de lancer une nouvelle procédure en justice, qu’il estime d’une durée de 15 jours.
Une salle voulue pour personnes
En point d’achoppement : « La classification proposée par la commission de sécurité ne correspond pas à la proposition du Télégraphe, selon François Veillon. Tout a été mis en oeuvre pour assurer la sécurité des personnes qui sont dans le bâtiment selon la réglementation ERP (Établissements recevant du public) de 4e catégorie permettant de recevoir un peu plus de 300 personnes. Sauf que la commission part du principe que comme la salle est grande, nous sommes en mesure de recevoir un peu plus de 600 personnes .» Les exigences de sécurité ne seraient plus les mêmes. « Une troisième sortie serait obligatoire au lieu de deux, ce qui reviendrait à détruire le bâtiment», estime François Veillon, ou au mieux des sièges numérotés devraient être installés. « Non négociable » pour ce dernier au nom de « la liberté et du libre arbitre », dans «une salle pluriculturelle » amenée à prendre des configurations diverses pour le yoga ou la danse. Il avance aussi un nombre de places limitées pour chaque rendez-vous, conformes à la jauge qu’il a demandée. Certains affichent déjà complet. Le Télégraphe abrite-t-il une salle de spectacle à part entière ou une« salle de création originale dans laquelle des résidences, des ateliers, des masterclass sont proposés avec une qualité de mise en scène proche de celle d’une salle de spectacle, sans être une salle de spectacle », comme le défend son concepteur ? La justice tranchera.
Bientôt associatif ?
En attendant, pour les abonnés, François Veillon se veut optimiste. «On continue et on sait qu’on ouvrira. Le bâtiment sera accessible pour ses abonnés d’ici à quinze jours. Le fait d’être privé, fonctionnant sous invitation, nous permettra de réaliser notre programmation ultérieurement », assure-t-il. Et même si la justice tarde ou ne lui rend pas justice, il a une autre solution : « Des aménagements administratifs de la structure juridique seront réalisés dans les 15 jours à venir pour permettre sous une pratique associative de passer en souscriptions, rendant le bâtiment accessible aux adhérents et non plus aux abonnés. » François Veillon fait tout de même amende honorable. « Je dois confesser ma responsabilité. Je n’ai pas fait un travail suffisamment en amont avec les services de sécurité pour plaider la cause du Télégraphe par manque de temps, puisque j’étais pris sur le chantier . » Il se dit prêt à travailler avec la commission de sécurité. « Nous ne sommes pas là pour créer une guerre qui n’a pas de sens. »