Arménie: «Certains poids ne s’effacent pas» F. L.
«Le gouvernement turc a une manière de danser le tango qui me dépasse. Un pas en avant, deux en arrière», se désolait il y a quelques années Aznavour, quand on l’interrogeait sur la reconnaissance du génocide arménien. Erdogan n’était pas encore président, mais Premier ministre du pays. Ambassadeur de l’Arménie auprès des Nations Unies, il avait aussi créé la Fondation Aznavour au lendemain du tremblement de terre du 7 décembre 1988, d’une intensité telle (6,9 sur l’échelle de Richter) qu’il avait causé la mort d’environ 30 000 personnes, en laissant plus de 500 000 autres sans abri. À l’époque, l’engagement personnel du chanteur avait permis de remettre en route 29 centrales électriques, de réhabiliter 47 écoles, de construire une usine d’aliments pour bébés et une maison de retraite. L’année suivante, à la tête d’un comité de soutien, Charles Aznavour avait réussi à convaincre de nombreux artistes d’enregistrer une chanson au profit des victimes. Intitulée Pour toi Arménie, elle mêlait notamment les voix de Julien Clerc, Vanessa Paradis, Michel Delpech, Johnny Hallyday, Alain Souchon ou Michel Sardou. Le titre devait s’imposer instantanément comme un tube, en première position dans le Top 50. Aujourd’hui, la Fondation Aznavour a toujours pour projet d’ouvrir un espace au coeur d’Erevan, réunissant un musée interactif et technologique et un centre culturel et éducatif pour les jeunes. Aznavour est évidemment une figure tutélaire de l’Arménie. Dans les années quatrevingt-dix, une mobilisation plus discrète de l’artiste permettait à 1,3 million de foyers de bénéficier d’un approvisionnement en électricité, sans frais. Lui, a toujours revendiqué et mis en avant son appartenance à la France. Sans renier bien sûr ses racines. L’Arménie, combat de sa vie, ne l’a jamais quitté. « Tous les Arméniens, qu’ils soient en Arménie ou issus de la diaspora, doivent unir leurs efforts pour le développement (du pays). Nous devons faire en sorte que les jeunes aient la possibilité de réaliser leurs rêves chez eux, entourés de ceux qu’ils aiment et de leur famille », martelaitil. Son fils Nicolas, qui l’épaulait dans cette mission, devrait prendre le relais.