Bon bilan de santé pour les zones humides
Le premier rapport sur l’état mondial des zones humides est alarmant avec une accélération de leur disparition ces dernières années. L’occasion de faire un bilan de santé des salins d’Hyères
Tout va très bien, Madame la Marquise. À l’aune des dépréciations que subissent les zones humides à travers le monde (lire ci-contre) , les salins d’Hyères se portent on ne peut mieux, merci pour eux. Même si l’érosion du trait de côte et le rehaussement du niveau de la mer laissent planer un risque de submersion, à l’échelle de plusieurs dizaines d’années. Cette bonne santé des zones humides à Hyères, les plus grandes entre la Camargue et l’Italie, tient à l’acquisition des Vieux Salins (350 hectares) et du Salin des Pesquiers (550 hectares) par le Conservatoire du littoral en 2001 et sa gestion par la métropole TPM avec la présence quotidienne d’agents (1). Mais aussi par une kyrielle de classements limitant l’intervention de l’homme : espace remarquable au titre de la loi littoral, de la loi « Mérimée », site Natura 2000 au titre de la directive européenne Oiseaux, site désigné aux inventaires du patrimoine naturel ZNIEFF, site inclus dans le périmètre optimal de l’aire d’adhésion du parc national de Port-Cros.
Le double rôle du canal de ceinture
C’est l’exploitation du sel par l’homme, de façon quasi-industrielle au XIXe et au XXe siècles jusqu’en 1995, qui a permis de conserver les emprises des salins, au contraire d’autres espaces littoraux, comblés, drainés, urbanisés. Le canal de ceinture continue de jouer son double rôle de contrôle d’entrée d’eau douce et de « bouclier » hérité du temps où les vols de sel étaient fréquents. « Ce canal périphérique freine toute pollution éventuelle, explique Marc Simo, chargé de mission pour TPM. C’est tout le paradoxe des salins, surtout aux Pesquiers, un site naturel en espace périurbain avec la présence d’une forte concentration de voitures en été et d’une base aéronavale. » Parmi les atteintes ciblées, citons les espèces végétales invasives (griffes de sorcière, mimosa, cactus, herbe de la pampa), auxquelles la présence de pépinières n’est sans doute pas étrangère. « La veille est permanente et des campagnes d’arrachage et d’éradication sont organisées. De plus, l’association Sauvegarde des forêts varoises intervient par convention pour nettoyer les canaux des salins », explique Marc Simo. Si les salins classés et protégés vont bien, l’attention est portée sur les marais adjacents, comme l’Esparre, derrière la déchetterie, où la ville d’Hyères fait de la recréation de nature. À la Lieurette aussi, la fonction d’expansion de crue du Roubaud est recréée dans une zone tampon, preuve que la mémoire de l’eau n’est pas (ou plus) laissée de côté.
Une oasis pour les oiseaux migrateurs
Le réseau Ramsar voit aussi l’intérêt des zones humides en tant que lieux d’étape des oiseaux migrateurs. Aurélien Audevard, ornithologue de la Ligue pour la protection des oiseaux : « De la disparition des zones humides découle l’extinction à long terme de toute une cohorte d’espèces animales et végétales. Fondamentaux pour la vie, ces milieux jouent un rôle essentiel, par exemple dans la stabilisation des crues ». Il continue : « Pour les oiseaux migrateurs, il faut voir les salins d’Hyères comme une station-service au milieu du désert. C’est une halte essentielle dans leur migration vers le Nord de l’Europe ». Et de louer le
parc nature de La Garde, qui est un autre « attrait fantastique » pour les oiseaux.