Var-Matin (Grand Toulon)

Une famille sous le coup d’une expulsion définitive

- S. M.

Quand ils ont quitté l’Algérie avec leurs parents en 1963, les frères Jean-Pierre et Marc Ramel étaient encore mineurs, ce qui ne leur a pas accordé nommément la qualité de rapatriés. « Si une indemnité nous avait été appliquée, jamais notre entreprise n’aurait été liquidée et nous ne serions pas dans cette difficulté », lâche Jean-Pierre Ramel. Dans le quartier de Maraval, l’entreprise familiale horticole a cultivé pendant une vingtaine d’années l’oeillet puis la rose, avec de lourds investisse­ments, avant de déposer le bilan. Une procédure est alors intentée par la Société Générale pour recouvrer les avoirs accordés aux Ramel. Après un long cheminemen­t administra­tif , la maison de Marc Ramel (200 m2 habitables et 7000 m2 de terrain) a été vendue aux enchères à une SCI. Selon un avis préfectora­l reçu en début d’année, Marc Ramel est frappé d’une décision définitive d’expulsion. La situation est critique, les Ramel s’estiment victimes d’une « double spoliation » : – pour ne pas avoir été indemnisé à hauteur de la perte de leur bien en Algérie (50 % de la valeur a été prise en compte) ; – pour ne pas bénéficier des dispositif­s de désendette­ment que prévoit la commission nationale de désendette­ment des rapatriés. « Le Journal officiel indique que l’État français est dans l’obligation de mettre tout en oeuvre afin de régler de la meilleure façon possible un dossier de rapatriés réinstallé­s, à l’Office national des anciens combattant­s (ONAC) », rappellent-ils. Le dossier de Marc Ramel a pourtant été déclaré éligible à ce dispositif de sauvegarde en 2009, mais il n’a jamais été traité à ce jour. « Il dort dans un tiroir de l’office central des rapatriés et n’a pas été présenté à l’ONAC », explique JeanPierre Ramel. L’ONAC, qui a repris la gestion de ces affaires après la disparitio­n de la mission interminis­térielle aux rapatriés, n’a pas demandé au préfet de convoquer les créanciers pour mettre un plan d’apurement de dette, comme les textes l’imposent. Alors que la procédure de recouvreme­nt de la banque suivait son cours, aucun plan de surendette­ment n’était appliqué au débiteur. « Que se passera-t-il si on m’impose de quitter ma maison ? Je ne peux pas imaginer un tel sort, reprend Marc Ramel, 76 ans. J’attire l’attention des plus hautes autorités pour trouver une issue favorable. » De son côté, la préfecture assure que l’expulsion est applicable, l’huissier ayant demandé le concours de la force publique. Pour apurer leur dette, les frères Ramel proposent un déclasseme­nt de leurs terrains, « sous le contrôle de l’État », pour pouvoir les vendre à meilleur prix à un lotisseur. Demande rejetée par la ville, confirmée par la DDTM, qui ne veut pas dénaturer la vocation agricole du site. « Je ne peux pas déclasser des terrains à la carte, explique Christian Simon, maire de La Crau. Par ailleurs, le PLU de La Crau doit se référer au SCOT qui est un document supra-communal. »

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(Photo Laurent Martinat) Marc Ramel ne se résout pas à quitter sa maison, vendue aux enchères pour épurer ses dettes.

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