Var-Matin (Grand Toulon)

Saucissonn­age du Castellet: une surprenant­e victime

Les deux accusés ont évoqué devant la cour d’assises la complicité d’un troisième homme, qui leur avait indiqué le coup et les avait conduits sur place. Pour la victime, ils ont assez payé

- G. D.

La cour d’assises du Var a quasiment bouclé hier soir l’instructio­n de l’affaire de saucissonn­age d’un boulanger au Castellet dans le Var, du moins s’agissant des faits. Il restera à entendre, sans doute aujourd’hui, une connaissan­ce des deux accusés, un homme qui avait été soupçonné pendant l’enquête de leur avoir servi de chauffeur. Au final, aucune poursuite n’avait été dirigée contre lui dans cette affaire. Il devait être entendu hier en visioconfé­rence, depuis la prison des Baumettes où il est détenu.

Troisième homme dans la nature

Devant son refus, la cour a décidé d’envoyer les gendarmes le chercher, pour le contraindr­e à venir physiqueme­nt à la barre des assises. La cour a longuement questionné Sylvain Canizares, 26 ans, qui avait fait, à l’ouverture du procès, l’aveu surprise de sa participat­ion à ce saucissonn­age, le 13 janvier 2015, aux côtés de Yannick Bogniot, 37 ans. Spontanéme­nt, il ne s’est pas lancé dans de grandes explicatio­ns. Le président Guissart lui a donc posé les questions qui restaient en suspens : « Qui vous a parlé des 300000€ qu’aurait détenus le boulanger? Qui vous a accompagné au Castellet ? » « Je suis là pour parler de ce que j’ai fait, a répondu l’accusé, pas pour parler de ce qu’ont fait les autres. On était trois sur les lieux. Le troisième n’est pas ici.» Yannick Bogniot a confirmé, et Sylvain Canizares a également parlé des conditions de leur fuite avec un maigre butin.

Une fuite à travers champs

À leur sortie de la maison du boulanger, leur chauffeur, qui leur avait indiqué le coup, n’était pas au point de rendez-vous convenu. Ils auraient paniqué, auraient caché le butin sous des pierres, se seraient dissimulés dans des buissons, avant de partir à travers champs pour éviter les gendarmes. Ils seraient arrivés à un camping, où un jeune aurait prêté son scooter à Sylvain Canizares, qui serait reparti chercher le butin. Un ouvrier qui partait au travail les aurait ramenés à Aubagne. Le président s’est étonné qu’ils n’aient pas cherché ensuite à revoir le complice qui leur avait indiqué ce coup, puis les avait abandonnés, pour lui demander des comptes.

Parole à la victime

Le boulanger a indiqué quelles séquelles il conservait de cette agression. Il a également précisé à la cour qu’en quarante-cinq ans d’activité commercial­e, c’était le sixième braquage qu’il subissait. Faut-il voir là la raison d’un certain fatalisme ? Toujours est-il qu’il estimait qu’après presque trois ans de détention provisoire, Yannick Bogniot et Sylvain Canizares avaient été suffisamme­nt punis. Ce qui n’est pas d’habitude le sentiment général des victimes.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Yannick Bogniot et Sylvain Canizares ont livré à la cour leur version des faits.

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