Apprentissage sur le tas

Quel cirque, bonnes gens ! On s’en voudrait presque d’en rajouter. Au moment même où Edouard Philippe balayait d’un revers de manche outré « de la petite polémique », en réponse à Eric Ciotti à l’Assemblée, Gérard Collomb remettait le couvert de sa démission au Figaro. Un ministre de l’Intérieur qui commence par programmer son départ dans huit mois, puis qui démissionne carrément avant d’être rattrapé par le col par le Président – on ne sait trop pourquoi d’ailleurs –, ce n’était déjà pas du pipi de chat. Mais hier après-midi, on a touché au sublime. Pour bien moins que ça, François Hollande et Jean-Marc Ayrault avaient été catalogués « apprentis » dès l’été , alors qu’ils ne s’étaient pas encore pris les pieds dans le tapis avec autant de superbe. Comme lors du départ de Nicolas Hulot, Emmanuel Macron se retrouve aujourd’hui mis devant le fait accompli. Dire qu’on l’avait baptisé Jupiter ! Pauvre Président, que plus personne ne semble respecter. Pas plus les jeunes désoeuvrés que ses ministres. Il y a désormais le feu au lac. Comme Sarkozy, comme Hollande avant lui, Macron va devoir suer sang et eau pour restaurer une image sabordée. Faut-il, au fond, vraiment s’en étonner ? Dans tout métier, l’expérience, si elle n’est pas tout, a quand même ses vertus. Parvenu à l’Elysée armé d’un bagage politique maigrelet, trop peu préparé, trop peu entouré aussi, Emmanuel Macron y apprend son boulot sur le tas. Un temps, la chance a souri de manière insolente à l’innocent. Les chausse-trapes de la fonction, conjuguées à l’impatience française et au harcèlement frénétique de l’époque, l’ont essoré plus brutalement que prévu. Depuis l’été, Macron va de Charybde en Scylla, ballotté de couacs en maladresses. Chacun s’en doutait, il ne suffit pas de singer la geste gaullienne pour être de Gaulle. Il lui reste à démontrer qu’à défaut d’être un surdoué, il apprend vite.