Collomb déterminé à démissionner: nouveau coup dur pour Macron
La sortie de Gérard Collomb du gouvernement semblait actée hier soir. Le chef de l’État a « regretté que Gérard Collomb se soit mis dans la situation le conduisant à devoir démissionner »
Après le refus de sa démission par le chef de l’État lundi, Gérard Collomb a récidivé, hier, en assurant « maintenir » celleci, dans une interview au Figaro, pour se consacrer à sa candidature à la mairie de Lyon, imposant un bras de fer au président. « Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis des Lyonnais, donc je maintiens ma proposition de démission », a déclaré Gérard Collomb au Figaro.
Trois ministres démissionnaires
Le Président, qui multiplie les rapprochements avec les Français pour redorer son image,écornée depuis la rentrée, «conserve toute son
amitié» à l’égard du ministre de l’Intérieur, a indiqué son entourage. Emmanuel Macron attend les propositions du Premier ministre, en vue du possible remplacement de Gérard Collomb. Interpellé peu après par un député lors des questions au gouvernement, Édouard Philippe a déclaré qu’il « exercerai (t) la totalité des attributions constitutionnelles qui me sont dévolues ». « Je dirige l’action du gouvernement et j’aurai l’occasion
de proposer au président les décisions qui s’imposent ». «Cirque», «grand-guignol»,
« mauvais vaudeville » : l’opposition ironisait ce mardi sur la situation(lire ci-dessous). Depuis la rentrée, l’exécutif a déjà été confronté aux démissions soudaines de Nicolas Hulot et
Laura Flessel. Les tensions n’ont cessé de s’intensifier entre Emmanuel Macron et son soutien de la première heure Gérard Collomb depuis l’affaire Benalla en juillet. Le ministre « a peu apprécié d’être mis en première ligne sur une affaire qu’il juge ne pas le concerner », avait expliqué son entourage. La relation que Gérard Collomb qualifiait de « filiale » avec Emmanuel Macron s’est dès lors émoussée. Début septembre le ministre a de nouveau surpris en pointant « le manque d’humilité de l’exécutif ».
Mais c’est l’annonce mi-septembre de son départ du gouvernement programmé au printemps prochain pour être candidat à Lyon en 2020 qui a sonné le glas de sa relation avec le président. « Le président de la République a été fâché. Mais il a
serré les boulons et donc ça
doit tenir », confiait la semaine dernière un familier du chef de l’État.
Le maire de Lyon va démissionner
« Il a fracassé tout ce qui constituait l’imaginaire sur sa relation avec le président de la République », estimait au contraire un cadre de la Macronie. Peut-il rester jusqu’en juin ou juillet ? « Je ne vois pas comment c’est politiquement possible », ajoutait cette même source. Depuis cette annonce, le départ du ministre de l’Intérieur est demandé tant par l’opposition qu’au sein même de son ministère, mais le ministre a répété être « pleinement ministre de l’Intérieur ». « Aujourd’hui, compte tenu des rumeurs et des pressions qu’il peut y avoir, je ne veux pas que le fait que je sois
candidat quelque part demain puisse troubler la marche du ministère de l’Intérieur », dit-il dans son interview mardi.
« On est en plein délire », «tout le monde est abasourdi », ont réagi hier aprèsmidi deux hauts fonctionnaires à Beauvau. Par ailleurs, dans un entretien au Figaro, le premier édile rhodanien confirme qu’il va rendre les clés de la mairie au ministre démissionnaire. Georges Képénékian, qui a été le premier adjoint de Gérard Collomb à l’Hôtel de Ville avant de lui succéder en 2017 au poste de premier édile, a indiqué qu’il s’apprêtait à rendre les clés de la capitale rhodanienne à son prédécesseur. Sa démission permettra au conseil municipal de réélire Gérard Collomb dans le fauteuil de maire.