Var-Matin (Grand Toulon)

Duris père de famille

- PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr

NOS BATAILLES De Guillaume Senez (Belgique). Avec Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : ★★★ L’histoire

Délégué syndical d’un entrepôt de vente sur Internet, Olivier (Romain Duris) se démène pour défendre ses collègues. Mais souvent aux dépens de sa propre famille, qu’il néglige. Lorsque sa femme Laura (Lucie Debay), quitte le domicile sans prévenir, il lui faut apprendre à concilier éducation des enfants, vie de famille et activité profession­nelle. Face à ses nouvelles responsabi­lités, Olivier bataille pour trouver un nouvel équilibre. Car, contre toute attente, Laura ne revient toujours pas…

Notre avis

Une femme disparaît. Des dizaines de thrillers commencent ainsi. Plus rarement un film social. C’est le cas de Nos batailles, deuxième long-métrage de Guillaume Senez, révélé en 2016 avec Keeper, drame adolescent multiprimé en festivals. Ici, la soudaine disparitio­n de sa femme oblige un homme à assumer sa charge de père de famille. Ce qu’il avait largement oublié de faire jusque-là, trop pris par son job… Dans le rôle, Romain Duris, que l’on a plus l’habitude de voir dans des rôles de séducteurs « adulescent­s », prend une épaisseur qu’on ne lui connaissai­t pas. Ce n’est pas son premier rôle « mature », mais celui-là fera certaineme­nt date. Guillaume Senez a l’art de faire oublier la vedette derrière le personnage. On le voit aussi avec Laetitia Dosch (en soeur baba cool) ou Laure Calamy (en collègue de syndicat secrètemen­t amoureuse) pourtant déjà de nombreuses fois vues dans ce même emploi. Tous sont cent pour cent crédibles devant la caméra du réalisateu­r belge, que l’on affilierai­t à tort à l’univers Dardenne (il se réclame plutôt de Mike Leigh). Cela tient peutêtre à la méthode originale que Guillaume Senez a développée depuis Keeper. Il ne donne à ses acteurs qu’un scénario sans dialogues et les contraint à trouver eux-mêmes, sur le plateau, les répliques de chaque scène. « Ce n’est pas vraiment de l’improvisat­ion, car les dialogues sont écrits au mot près et il sait exactement ce qu’il veut qu’on dise », raconte Romain Duris qui a « adoré » tourner de cette manière. « Cela donne plus de vérité aux scènes et force l’empathie du spectateur envers les personnage­s », estime le réalisateu­r. De fait, l’histoire n’est pas très originale et comme le scénario ne force ni le suspense, ni la dramaturgi­e, on pourrait vite se désintéres­ser du sort minuscule d’Olivier et de sa petite famille. Or, ce n’est pas le cas. On ne s’ennuie jamais et on est à fond avec eux… Dans la bataille !

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