Var-Matin (Grand Toulon)

Grâce à la générosité, ils ont quitté la rue

Après avoir vécu un an sous un abri de fortune, Anaïs et Isaac ont trouvé un toit. Mais leur faible revenu ne dispense pas le jeune homme de faire la manche

- S. M.

En mars 2018 (1), nous avions été touchés par les conditions de vie précaires du jeune couple formé par Anaïs, 20 ans, et Isaac, 27 ans, son compagnon rencontré dans la rue. Après avoir vécu dans un squat, un camion ou sous une tente, c’est dans une caravane piteusemen­t aménagée, sans chauffage ni eau courante, qu’ils espéraient de jours meilleurs. « Avec le recul, nous avons vécu nos pires moments quand il a neigé et qu’il a fait si froid (début février) », avouentils. Une bonne âme s’est présentée en la personne d’Yvette, une retraitée hyéroise qui a pris la jeune femme sous son aile. C’est Yvette qui a poussé Anaïs à participer à un forum de l’emploi, à déposer des curriculum vitae un peu partout. C’est aussi grâce à ses relations qu’elle a décroché un CDI en tant qu’agent d’entretien dans un village de vacances. « De 6 h à 9 h, je suis chargée de l’entretien des parties communes, puis je fais les chambres jusqu’à 14h ou 15h, six jours par semaine dit-elle. Je réponds aussi aux demandes de mes chefs d’équipe quand il faut travailler en extra ».

Elle ne compte pas ses heures

Bref, la jeune femme ne compte pas ses heures, dépasse ses 25 h de travail contractue­lles pour un maigre salaire de 800 € maximum, ramené à 390 € en septembre après une crise d’épilepsie qui a entraîné une semaine d’arrêt maladie. « Je sais la valeur d’un CDI, dit-elle. Ça me fait un tremplin en espérant trouver un emploi dans les espaces verts » (elle est titulaire d’un certificat de qualificat­ion profession­nelle, Ndlr). « Tout n’est pas encore réglé, commente Yvette qui, souhaitant se mettre en retrait, garde toutefois le lien avec sa protégée. J’ai peur qu’elle ne soit exploitée. Ce serait tellement bien si elle pouvait trouver un emploi dans les espaces verts, mais je n’ai pas de connaissan­ces dans ce milieu. ». Déjà, le couple dispose d’un studio de 25 m2 dans la vieille ville qu’Isaac a trouvé sur Internet. Le mois de caution et le premier loyer, en avril 2018, ont pu être réglés grâce au concours d’un couple de Fayence. Émus, à la lecture de Var-matin , par l’histoire d’Anaïs et sa volonté farouche de s’en sortir, ces retraités ont souhaité rencontrer la jeune femme et l’encourager dans son redresseme­nt. Aujourd’hui, le salaire d’Anaïs sert principale­ment à payer le loyer (435 € plus l’électricit­é et l’eau), le téléphone et la nourriture des chiens, Bouba et Tobbie, qui sont restés près de leur ancien abri de fortune.

Un retard de paiement de l’APL

Isaac, lui, continue à faire la manche dans le quartier de la gare pour payer la nourriture et le tabac. Ayant perdu ses papiers d’identité, le jeune Espagnol ne peut être employé officielle­ment, mais il fait des petits boulots au noir, dans la mécanique notamment. Dernier avatar, et non des moindres, le retard de paiement de l’aide personnali­sée au logement. Le dossier monté avec une assistante sociale n’a pas été pris en compte par la caisse d’allocation­s familiales. Le couple compte sur un effet rétroactif de cinq mois qui devrait leur accorder plus de 1000 € .« La CAF nous a assuré qu’on aurait un appel il y a deux semaines, mais on n’a rien reçu. C’est très pénible et assez désespéran­t », conclut Anaïs. 1. Édition d’Hyères du 14 mars 2018.

Si vous souhaitez proposer un emploi dans les espaces verts à Anaïs, joindre Yvette au tél. : 06.75.87.43.69.

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(Photo S. M.) Anaïs et Isaac dans leur studio. La jeune fille se satisfait de son poste d’agent d’entretien mais rêve d’un emploi dans les espaces verts.

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