Une chambre régionale des comptes plus moderne
Son nouveau président, Nacer Meddah, a présenté sa méthode : rapprocher la juridiction financière de ses partenaires institutionnels et des collectivités, mieux informer les citoyens
« La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration». Citant l’article XV de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789), Nacer Meddah, le nouveau président de la Chambre régionale des comptes (CRC) Paca, a ajouté hier « et nous avons le devoir de rendre des comptes à nos concitoyens. C’est prévu dans la loi de 2008. Ce devoir d’information est à notre initiative ». Ce haut fonctionnaire au parcours atypique (lire en encadré) a bien l’intention de passer des paroles aux actes. Âgé de 59 ans, le président Meddah est soucieux de mettre en valeur le travail de son équipe et de faire connaître l’action de la CRC au grand public. Il peut compter sur soixante-douze collaborateurs, dont vingthuit magistrats, vingt-quatre vérificateurs, et vingt personnes d’appui au contrôle et au soutien.
Une juridiction indépendante
Arrivé le 1er juillet à Marseille, où est implantée cette juridiction financière indépendante, il a déjà entrepris de nombreux déplacements sur le terrain, auprès des préfets et directeurs des services de l’État et autres partenaires institutionnels, pour prendre la mesure d’une région aux fortes disparités: six départements dont trois, côtiers, comptant de plus d’un million d’habitants, deux départements alpins peu peuplés, un département intermédiaire. Il a insisté sur l’accompagnement que la CRC peut apporter auprès des diverses collectivités. «On n’est ni un corps d’inspection ni un cabinet d’audit, et l’on ne travaille pas que sur des missions de contrôle, mais aussi de conseil. Dans le cadre du contrôle budgétaire, le conseil permet de mieux s’organiser. Les CRC apportent ce conseil auprès des préfectures ou des collectivités lorsqu’elles nous le demandent ». Il a aussi évoqué une expérimentation en cours: la certification des comptes des collectivités.
Cibler les enjeux et risques locaux
Le président Nacer Meddah considère la programmation des tâches de la CRC
comme un élément névralgique et va revisiter « [sa] manière de programmer pour être davantage sur des enjeux et risques qui répondent aux problématiques locales ». Comme par exemple la dynamique des métropoles, en cours en Paca. «Cela va poser beaucoup de questions en terme d’organisation et, pour nous, en terme de contrôle ». Il a toutefois rappelé que la juridiction veille «à ne pas s’immiscer dans la vie
politique » et «prend en compte le calendrier électoral pour qu’elle ne soit pas instrumentalisée ». Enfin, le volet communication est cher aux yeux du nouveau président, qui tient à ce que l’action de la CRC soit plus accessible et intelligible à tout un chacun. Cette transparence passera par les médias et, innovation à venir, par les réseaux sociaux.