Quinze ans requis contre les saucissonneurs du Castellet
La cour d’assises du Var a achevé hier l’instruction du procès contre Yannick Bogniot et Sylvain Canizares, les deux hommes venus d’Aubagne la nuit du 13 janvier 2015, pour agresser à son domicile un boulanger du Castellet. L’avocat général a prononcé son réquisitoire, et les avocats de la partie civile et de la défense ont plaidé. L’audience reprendra brièvement ce matin, pour donner la parole aux accusés, avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Un témoin entre deux gendarmes
La cour a pu entendre celui qui avait été soupçonné d’être « le troisième homme », qui avait indiqué aux deux accusés ce faramineux autant que fantaisiste coup à 300 000 €, et qui les avait conduits jusque chez le boulanger. Pas ravi d’avoir été réveillé à 5 h 30, pour être extrait de sa cellule des Baumettes afin de venir témoigner entre deux gendarmes, il a répété qu’il n’avait « rien à voir dans cette histoire ». Quant à la personnalité des accusés, l’un et l’autre ont évoqué des difficultés scolaires et les mauvaises fréquentations à la cité du Charrel à Aubagne, pour expliquer leur entrée en délinquance.
Maigre butin mais grave agression
Aux intérêts du boulanger et de sa fille, Me Kévin Dunan a tenu à expliquer que « leur bienveillance visà-vis des accusés ne signifie pas pour autant qu’ils n’ont pas souffert. Simplement, cette agression n’a pas eu pour eux les mêmes répercussions qu’elle aurait pu avoir sur d’autres personnes ». L’avocat général Ahmed Chafai a mis en exergue «le travail remarquable de la brigade de recherches de La Valette sur l’ADN, la téléphonie et les écoutes ». Se refusant à banaliser cette agression, du fait de la modestie du butin, il a requis contre Yannick Bogniot et Sylvain Canizares quinze ans de réclusion.
La faute au troisième
Les 200 € qu’avait retirés Yannick Bogniot de la revente des téléphones portables volés, les traces ADN qu’il avait laissées sur place, tout comme sa cagoule, ont conduit Me Kévin Travart à qualifier les accusés « d’imbéciles immatures ». Il a principalement demandé aux jurés de « prendre en considération ses aveux immédiats ». Quant à Me Emilie Comyn, pour la défense de Sylvain Canizares, elle a également souligné le caractère « artisanal » de ce vol à main armée. Pour elle, l’acteur principal était absent du box. « C’est cette troisième personne qui est le meneur, celui qui les emmène sur place. Eux, ce sont les idiots qui se sont fait avoir ce jour-là. » Me Virginie Pin a également abordé la barre en défense, pour dire ce qu’elle pensait de cette affaire.