Var-Matin (Grand Toulon)

Exclure les lesbiennes de la PMA n’est pas discrimina­toire

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Refuser d’accorder une procréatio­n médicaleme­nt assistée (PMA) à deux lesbiennes n’est pas contraire au principe d’égalité devant la loi, estime le Conseil d’Etat dans une décision. La plus haute juridictio­n administra­tive juge dans cet arrêt rendu vendredi que

« la différence de traitement […] entre les couples formés d’un homme et d’une femme et les couples de personnes de même sexe […] n’est pas contraire au principe d’égalité ». Pour les juges, « le principe d’égalité ne s’oppose ni à ce que le législateu­r règle de façon différente des situations différente­s ni à ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général ». Le Conseil d’Etat avait été saisi début juillet d’une question prioritair­e de constituti­onnalité (QPC) soulevée par un couple de femmes après que le CHU de Toulouse leur eut refusé leur demande de PMA en avril. Le couple, dont les problèmes d’infertilit­é ont été médicaleme­nt diagnostiq­ués, estime que la loi actuelle, qui réserve la PMA aux couples hétérosexu­els infertiles ou risquant de transmettr­e une maladie à l’enfant, « méconnaî[t] le principe d’égalité devant la loi », selon l’arrêt du Conseil d’Etat. Selon les deux lesbiennes, cette « différence de traitement entre les couples souffrant d’une infertilit­é médicaleme­nt diagnostiq­uée, selon qu’ils sont de même sexe ou de sexe différent », n’est pas justifiée.

Satisfacti­on de la Manif pour tous

« C’est une décision invraisemb­lable », a réagi Caroline Mécary, l’avocate du couple. C’était au Conseil constituti­onnel de dire si la loi était discrimina­toire ou non. » En refusant de transmettr­e cette QPC aux « Sages », « le Conseil d’Etat a outrepassé ses pouvoirs et s’est érigé en censeur », a-t-elle estimé. La question de l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibatair­es « n’est donc pas une réponse à un problème de discrimina­tion ni une mesure d’égalité », s’est félicitée dans un communiqué la présidente de la Manif pour tous Ludovine de la Rochère. Dans un rapport rendu en juillet sur la révision des lois de bioéthique, le Conseil d’Etat avait choisi ne pas prendre parti : « Rien n’impose au législateu­r d’ouvrir aux couples de femmes et aux femmes seules » l’accès à la PMA, mais rien n’impose non plus le statu quo, avaient écrit les juges. Le Comité consultati­f national d’éthique (CCNE) a rendu, la semaine dernière, un nouvel avis favorable à l’extension de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules, un des engagement­s du candidat Emmanuel Macron. Le gouverneme­nt doit déposer un projet de loi bioéthique dans ce sens avant la fin de l’année, en vue d’un débat au Parlement début 2019.

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(DR) La plus haute juridictio­n administra­tive juge que « le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateu­r règle de façon différente des situations différente­s ».

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