Un concert sur les terres de Tolkien
Le groupe Lonely Star jouera, pour la première fois, samedi au théâtre Denis, des textes de Tolkien sur une musique d’André Rocchia qui a obtenu l’autorisation exceptionnelle de les enregistrer
De son dernier projet musical, Lonely Star, André Rocchia confie dans un large sourire qu’il aurait pu s’appeler Lucky star ! En 1978, une bonne étoile a guidé l’instituteur à la rencontre de Christopher Tolkien, fils de J.R.R., l’auteur du Seigneur des anneaux et du Hobbit (1). Elle l’a accompagné jusqu’à la sortie, quatre décennies plus tard, de son dernier album The Starlit sea sur lequel il chante des textes puisés dans les oeuvres cultes écrites par celui que l’on nomme simplement Tolkien. Un enregistrement réalisé avec la bénédiction des – très protecteurs – gardiens du temple que le public découvrira samedi soir au théâtre Denis.
« Un lien fidèle » avec les Tolkien
Si en 1978 il ne connaît pas l’oeuvre littéraire de ce linguiste renommé, il devient pour trois mois l’instituteur d’Adam, son petit-fils, scolarisé à La Garde-Freinet. Dans le petit village, il fait alors la connaissance des parents du garçon, Christopher, exécuteur testamentaire de son père, et son épouse Baillie(1). L’enfant du golfe de Saint-Tropez conservera au fil des années «un lien fidèle» avec la famille Tolkien, et découvrira parallèlement l’immensité et la richesse de la Terre du milieu, l’univers créé par l’écrivain. Un monde «de rêves, de contes de fées, qui dit aussi beaucoup des préoccupations de l’époque et de Tolkien qui avait participé à la Première Guerre mondiale». Une première fois en 1993, l’auteur-compositeur et interprète enregistre une quinzaine de démos sur un quatre pistes. Le Maximinois, qui a vécu à Hyères, met en musique des « sonnets présents dans l’oeuvre de Tolkien et interprétés par les personnages, Bilbo, Sam, Galadriel». Mais le contenu de la K7 ne trouvera pas grâce aux oreilles de Cathleen Blackburn, avocate du Tolkien Estate. Cette fondation juridique gère les droits de l’oeuvre du romancier. Adaptation, bande dessinée, jeux, musique... sans son assentiment, rien ne se fait. En 2013, André Rocchia enregistre Bilbo’s song, « un des plus beaux textes de Tolkien, une chanson qui aurait pu traîner dans un album des Beatles ». Il en parle à Baillie qui, avec son époux Christopher, l’encourage à poursuivre sa démarche et joue les intermédiaires. Pas facile, une fois encore, de convaincre Cathleen Blackburn.
Un tirage limité par contrat
Finalement, elle cédera, prêtant une oreille attentive aux arguments des époux Tolkien. «Vous avez de la chance », glissera l’avocate à André Rocchia tout en établissant de nombreuses conditions restrictives. Par contrat, le musicien n’a pas eu la possibilité de créer une opération de souscription en ligne, qui lui aurait permis de financer l’enregistrement. Également gravé dans le marbre juridique, un tirage limité à 2000 exemplaires, pas un de plus. Si celuici est épuisé, l’artiste est «libre» d’en redemander un. Une liberté qui n’engage en rien le Tolkien Estate. Vingt-cinq après l’enregistrement d’une première démo, le voyage musical en Terre du milieu d’André Rocchia est devenu réalité. « L’univers de Tolkien ne sera plus jamais le même pour moi, sourit le retraité de l’Éducation nationale. C’est
une toute petite chose, une goutte d’eau, mais j’ai l’im- pression d’en faire partie ». Un sentiment, qu’au sein de Lonely Star, il partagera pour la toute première fois en live avec le public du théâtre Denis, samedi.