Var-Matin (Grand Toulon)

L’enfer des ministères

- DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Et de sept. Avec le départ ubuesque de Gérard Collomb, contraint de tanner le chef de l’Etat pour enfin obtenir son bon de sortie, ce sont donc sept ministres qui ont fait leurs cartons de leur plein gré depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Parmi eux, Collomb et Hulot, numéros  et  de l’équipe d’Edouard Philippe ont piétiné les usages, écornant au passage l’autorité d’un président qu’ils ont contribué à faire descendre de l’Olympe. Au-delà des conséquenc­es de ces départs, fâcheuses et probableme­nt durables pour l’exécutif, ces défections à répétition démontrent que le statut de ministre est une valeur à la baisse. Une fonction harassante et frustrante pour Nicolas Hulot, qui, conscient des risques, avait pourtant refusé d’entrer dans des gouverneme­nts Chirac, Sarkozy puis Hollande. Terribleme­nt ennuyeuse pour Gérard Collomb qui ne supportait pas de ne plus être dans la lumière à Lyon. Il faut dire que la fonction ministérie­lle est infiniment moins valorisant­e que des mandats de maires de grandes villes et de présidents de métropoles, d’ailleurs souvent détenus par les mêmes. Véritables «patrons» de vastes territoire­s, ces grands élus ont un pouvoir considérab­le. Ils gèrent des budgets, impulsent des chantiers qui transforme­nt leur ville, sont reconnus et aimés. On les embrasse comme du bon pain, on les félicite, on fait des selfies avec eux. Tout l’inverse d’un ministre. François Hollande qui a relevé sur un ton vachard hier matin sur Public Sénat qu’il n’avait pas songé à choisir Gérard Collomb comme ministre lorsqu’il était à l’Elysée, raconte qu’il avait ainsi proposé un portefeuil­le à Bertrand Delanoë. Et admet, a posteriori, que celui qui était alors maire de Paris n’aurait pas été heureux dans un ministère. Signe des temps, la liste de ceux qui « ne veulent pas » s’allonge à l’approche de chaque remaniemen­t. Certains ne prennent même pas la peine de décrocher leur téléphone, d’autres déclinent poliment et s’en expliquent, à l’instar de Daniel Cohn-Bendit le

mois dernier. On apprend aussi, quelques années plus tard, au détour d’un livre ou d’une interview, que telle personnali­té a refusé un maroquin. PPDA, Michel Hidalgo, Jamel Debouzze et tous les autres n’ont peut-être pas eu tort de s’abstenir. Depuis , la durée moyenne d’un poste ministérie­l est d’à peine deux ans. Un CDD rarement renouvelab­le.

« Depuis 1958, la durée moyenne d’un poste ministérie­l est d’à peine deux ans. »

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