Plongée mortelle à Hyères: un moniteur jugé à Toulon
La sortie sous-marine, autour de l’épave du Grec près de Porquerolles, avait viré au drame avec le décès d’une plongeuse de 61 ans
C’est un prévenu sur la défensive qui s’est présenté hier à la barre du tribunal correctionnel de Toulon. À tel point que le sexagénaire, ancien responsable d’un club de plongée de Clermont-Ferrand, a eu du mal à répondre aux questions qui lui étaient posées. « C’était il y a quatre ans… Je ne peux pas inventer… » Le 14 septembre 2014, Marie-Carmen, 61 ans, disparaissait dans les profondeurs de la Méditerranée, entre les îles du Levant et de Porquerolles, sous les yeux de ses compagnons de plongée. Visiblement, elle ne respirait déjà plus. Son corps n’avait été découvert qu’une semaine plus tard, à quelque 300 mètres de l’épave du Grec autour de laquelle une sortie avait été organisée par le club auvergnat. La palanquée était composée de trois plongeuses et de leur «directeur de plongée ». Celui-ci a-t-il failli à ses obligations en matière de sécurité? C’est la question posée au tribunal. Le ministère public considère que le prévenu a commis «une succession de négligences et de manquements à l’origine de la mort de la victime. » Et de dénoncer : le choix d’un site « pas adapté» aux niveaux des participantes, une préparation incomplète – le prévenu a notamment « omis de se renseigner sur le site à explorer »–,une« descente à une vitesse excessive» et un manque d’attention de la part du moniteur vis-à-vis de la victime. En défense, l’avocat du prévenu a dénoncé les « appréciations subjectives » d’un enquêteur de la gendarmerie maritime – citant son nom à plusieurs reprises – et a contesté que les plongeuses n’avaient pas le niveau requis pour une plongée à 40 mètres et quelque de profondeur. Le pénaliste a aussi souligné que les causes de la mort n’ont pu être déterminées (à cause de l’état de décomposition du corps). Dès lors, le lien de causalité entre les griefs faits à son client et le décès de Marie-Carmen ne serait pas établi avec certitude. Réserve d’air épuisée ? Crise cardiaque ou autre « incident physiologique »?« Cela reste une possibilité.» Le tribunal rendra sa décision le 30 novembre.