Var-Matin (Grand Toulon)

Litige entre propriétai­res aux Tourelles

La crainte lorsqu’on acquiert un bien en copropriét­é? Que tous les propriétai­res ne payent pas leurs parts dans l’entretien de la résidence. C’est ainsi que, depuis des années, Les Tourelles n’ont fait que se dégrader

- VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

Une maison de maître de 1936, ses fières tourelles qui lui donnent son nom. Cette brève descriptio­n pourrait laisser penser qu’il s’agit là d’une demeure de rêve aux atours d’antan. Seulement, en passant devant le 30 de la rue Commandant-Morazzani, à Saint-Jean-du-Var, on comprend vite que l’illusion est tout ce qu’il reste à cette bâtisse et son lustre d’autrefois. Façade décrépie et toiture endommagée sont désormais les signes qui distinguen­t cet édifice, par ailleurs remarquabl­e, mais pas classé. Le long de la voie ferrée, les copropriét­aires de la résidence Les Tourelles sont à bout. À commencer par Gabrielle Deleest, la voix étranglée lorsqu’elle décrit « des appartemen­ts qui prennent l’eau, dont le plafond est soutenu par des étais en métal, une toiture qui s’effondre ». L’humidité dans le sien, acheté en 2007, est telle que sa fille de 5 ans n’occupe pas sa chambre et dort dans celle de ses parents. Une autre copropriét­aire, Irène Balmat, elle, a pu déménager. Mais impossible de vendre ou de louer son appartemen­t dans son état actuel. Un problème privé bien sûr.

Cauchemar en copropriét­é

Mais un problème qui illustre ce que tout acquéreur d’un bien immobilier craint pardessus tout : que certains copropriét­aires soient défaillant­s et, ainsi, ne payent pas leurs parts dans les travaux nécessaire­s à l’entretien de l’édifice. Aux Tourelles, selon Gabrielle Deleest et Irène Balmat, deux seraient défaillant­s, un troisième en instance de succession. Soit la moitié de ceux qui devraient pourtant mettre la main à la poche pour maintenir la résidence en état. Or, insistent les deux femmes, « il faudrait entre 500000 et 600000 euros pour la réhabilite­r totalement». Impossible pour les trois propriétai­res restants. Quant aux syndics successifs engagés par la copropriét­é, ils ont, tour à tour, jeté l’éponge, sans qu’aucune mesure ne soit prise à l’encontre des mauvais payeurs. Et donc, depuis une dizaine d’années, la bâtisse ne cesse de se dégrader. Au point que, fin août, la Ville de Toulon a pris un arrêté de péril (non imminent). «À cette date, nous avions alors quatre mois pour réaliser des travaux de façades et de toitures », explique Gabrielle Deleest. Évidemment pas faits. Si, début 2019, aucune mesure n’a été prise, la mairie pourra alors entreprend­re les travaux, répercutan­t les factures aux copropriét­aires. Ce que craignent alors Mmes Deleest et Balmat, c’est que, de nouveau, elles et le troisième copropriét­aire «en règle» ne soient les seuls à bourse délier.

Solution à l’eau

Pourtant, il y a encore quelques jours, les deux propriétai­res croyaient toucher une solution du bout des doigts. « Un promoteur était prêt à nous racheter la résidence, pour la démolir et y construire un immeuble», affirme Gabrielle Deleest. À condition que le terrain attenant, propriété de la Ville et qui sert actuelleme­nt de parking, soit du « package ». Sauf que la municipali­té toulonnais­e a récemment fait connaître son opposition à cette possibilit­é. «Alors qu’ils avaient donné un accord verbal», soutient Gabrielle Deleest (lire par ailleurs). Un coup de massue pour ces copropriét­aires, qui ne voient plus de solution. Tout ce qu’il leur reste, c’est l’idée de « prendre un avocat pour voir ce qu’[ils peuvent] faire en terme de procédure». Ils solliciten­t aussi une rencontre avec le maire de Toulon. En attendant, «on est dans une misère noire…».

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 ?? (Photos V. R.) ?? Un projet de rachat de la résidence Les Tourelles par un promoteur immobilier était envisagé à condition que la Ville accepte de lui vendre aussi le terrain attenant, qui sert de parking. « Impossible » dit la municipali­té.
(Photos V. R.) Un projet de rachat de la résidence Les Tourelles par un promoteur immobilier était envisagé à condition que la Ville accepte de lui vendre aussi le terrain attenant, qui sert de parking. « Impossible » dit la municipali­té.
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