Var-Matin (Grand Toulon)

Trois ans ferme pour possession d’arme à Berthe

Un habitant du quartier Berthe à La Seyne a été jugé hier pour avoir transporté une arme chargée. Le procureur a fait le tableau d’une cité en « guerre »

- E. M.

« Moi, j’aimerais bien être jugé pour les faits que j’ai commis et pas pour ce qu’il y a autour… » Samuel Gomis, hier à la barre du tribunal correction­nel, fait allusion aux règlements de comptes qui secouent depuis des mois la cité Berthe à La Seyne. «Et quels sont les faits que vous avez commis ? », interroge la juge. « Bah, rien .» Le jeune homme âgé de 25 ans a été interpellé lors d’un contrôle routier dans la cité le 14 septembre. Les policiers ont découvert dans sa voiture un pistolet automatiqu­e et son chargeur approvisio­nné. Une liasse de billets a également été saisie : 12 050 euros en coupures de 10, 20 et 50 euros.

Un nom de famille trop lourd à porter

« Je comptais partir chez de la famille loin de là », se justifie Samuel Gomis qui porte le même patronyme que Lionel et William, tués par balles – l’un en octobre 2017, l’autre le 10 septembre dernier. « Vu qu’on a le même nom, on ne sait pas sur qui on peut tomber… On se ressemble tous comme certains disent », explique le prévenu qui dément tout lien de parenté. L’arme et les munitions ? Samuel Gomis assure sans convaincre les avoir découverte­s lors d’une balade en forêt à Châteauval­lon. « J’allais la ramener. » L’argent ? « Des économies », qui font par ailleurs l’objet d’une enquête distincte, ouverte pour « nonjustifi­cation de ressources et blanchimen­t ».

« Un signal pour ceux qui tuent »

Le procureur Dominique Mirkovic a dépeint le climat qui règne dans le quartier. « C’est une guerre qui a pour objet le contrôle des points de vente de stupéfiant­s (...) Le corollaire de cette guerre, c’est le trafic d’armes. La détention d’armes est un moyen d’asseoir sa domination. » Et d’inviter le tribunal à « envoyer un signal pour ramener à la raison ces gens qui tuent et s’entretuent ». « Nous sommes tous d’accord pour constater que la situation est dramatique. Mais doiton condamner un homme sur un contexte ? La réponse est non », rétorque Me Charlotte Barriol en défense, déplorant un mode de jugement expéditif (la comparutio­n immédiate) avant même le résultat des expertises sur l’arme. Samuel Gomis a été condamné à trois ans de prison et a été maintenu en détention.

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(Photo doc. RPM) Depuis octobre , les règlements de comptes ont fait quatre morts et au moins deux blessés graves à La Seyne-sur-Mer.

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