Var-Matin (Grand Toulon)

Jane Campion annonce un prochain film à St-Tropez

Invitée d’honneur du 20e Festival du cinéma des Antipodes, la réalisatri­ce néo-zélandaise, palmée à Cannes, va revenir au long-métrage et tacle un système de patriarcat « en bout de course »

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Avec Trump nous vivons la fin d’une ère”

Faire face à Jane Campion peut exposer à des visions. C’est comme si les multiples récompense­s dont est auréolée sa longue chevelure d’argent - Palmes d’or, Oscar, César... - flottaient en suspension autour de la cinéaste, déclarée à Saint-Tropez « trésor national» par l’ambassadri­ce de Nouvelle-Zélande, Jane Coombs. Depuis cette semaine un nouveau trophée attend de trôner sur sa cheminée. Celui décerné par le Festival du cinéma des Antipodes qui, pour sa 20e édition, tient une invitée d’honneur de calibre internatio­nal attendue de longue date. Si elle proscrit la pose photo, la pause conversati­on, elle, autorise un moment privilégié d’où ne sont pas bannis les flash... backs.

Vous êtes espérée depuis  ans à Saint-Tropez. Qu’est ce qui a fait la différence cette fois ? C’est un sacré voyage (Jane se partage entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, Ndlr) . Il se trouve que j’étais précédemme­nt en Allemagne et que cette venue tropézienn­e s’intégrait bien dans mon agenda. J’aimais aussi cette idée de me retrouver dans ce petit village, côtoyer ses habitants... Je me sens comme en famille ici ! Ensuite je m’envolerai pour l’Inde.

Pensez-vous que les séries sont aujourd’hui le meilleur support pour développer vos personnage­s ? C’est un art très complexe que de faire vivre tous ces personnage­s, imaginer leurs motivation­s, fêlures intimes, ce qu’ils cachent en eux... En faisant Top Of The Lake, j’ai surtout beaucoup appris au niveau de l’écriture. Signer un long-métrage me paraît depuis bien plus facile ! La e saison de Top Of The Lake est-elle envisagée ? La porte reste ouverte et je suis persuadée qu’Elisabeth Moss nous sommes comme des soeurs ! - ne dira pas non pour reprendre son rôle d’inspectric­e, mais je ne suis pas du tout dans cette perspectiv­e actuelleme­nt. Avant l’Allemagne, j’étais aux États-Unis pour des recherches autour de mon futur projet. C’était l’étape « travail » de mon périple.

Quelle tournure prendra ce nouveau film ? Le premier depuis Bright Star en . Nous travaillon­s sur l’adaptation du livre de Thomas Savage, Le Pouvoir du chien (sorti en , ce roman qui a pour cadre un ranch du Montana dans les années , s’attaque à la remise en cause de l’invulnérab­ilité du cow-boy misogyne, Ndlr). Pour l’heure je n’ai aucune idée du casting ni des lieux de tournage. Ce qui est sûr, c’est que ce sera mon premier film avec une vedette masculine !

Cette fameuse photo de famille de tous les palmés réunis à Cannes en  demeure un moment dérangeant ? Choquant ! En fait c’est lorsque j’ai découvert moi-même la photo que j’ai été frappée par la grossièret­é de l’inégalité. Oh mon dieu, je suis la seule femme au milieu d’un parterre d’hommes blancs ! (rire) Davantage de femmes doivent avoir accès à la réalisatio­n, être soutenues par des producteur­s, etc. Heureuseme­nt les mentalités sont en train d’évoluer. On le sent avec le succès de séries féminines comme Handmaid’s tale, Big Little Lies... Elles montrent au monde ce que ressentent et veulent les femmes. Faire abstractio­n de l’égalité et des droits des femmes n’est plus possible. Depuis le mouvement MeToo il n’y a plus de retour en arrière possible. C’est le moment pour être entendues. Je suis très heureuse de vivre ce tournant.

Trump, Weinstein, Kavanaugh... expriment-ils tous les mêmes symptômes d’un machisme en bout de course ? Oh vous citez tous mes préférés ! (rire) Ils sont de telles caricature­s de la misogynie, de l’agressivit­é et de la grossièret­é qu’ils participen­t aussi dans le monde à la fortificat­ion d’une opposition forte à ce qu’ils représente­nt. Là encore, je pense que cet archétype de patriarcat aura bientôt vécu. Ils représente­nt la queue de la comète avant un nouveau monde. Trump c’est comme Richie Rich (personnage de bande-dessinée américain, Ndlr), un gamin qui a certes le pouvoir, mais dont le monde entier se moque !

Que pensez-vous de la vision pas toujours très reluisante de la femme qu’ont certains de vos pairs comme Paul Verhoeven ou Lars Von Trier ? Je connais bien Paul et je l’aime beaucoup à titre personnel. Je me sens peut-être moins proche de son cinéma, mais c’est dans sa nature d’être taquin et de mettre de l’huile sur le feu. En revanche j’adore l’oeuvre de Lars Von Trier. C’est un maître. J’admire sa force et son courage. Il creuse son sillon au risque de déplaire. Nous sommes nés le même jour à deux ans d’écart ! (rire) Je l’ai découvert cette année en regardant sur Internet qui d’autre était né un  avril... Et là je tombe sur Lars Von Trier ! Du coup je lui ai envoyé un message.

Vous avez dirigé les plus grandes actrices. Laquelle vous a le plus impression­née ? Oh mon dieu ! Impossible de choisir. Au-delà des tournages, je suis restée proche de toutes. De Genevieve Lemon à Nicole Kidman en passant par Kerry Fox, Holly Hunter, Elisabeth Moss, Kate Winslet, etc., Je les aime toutes !

Mon film avec une vedette masculine”

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France