Collision au large de la Corse : presque plus de trace de pollution
Depuis dimanche 7 octobre au matin, date de la collision « inédite » entre deux navires marchands au large du cap Corse, le Centre de traitement de crise (CTC) de la préfecture maritime de la Méditerranée à Toulon est en ébullition. Une cinquantaine de personnes y travaillent en permanence pour gérer au mieux ce rarissime accident qui s’est produit dans les eaux internationales, à une quinzaine de milles marins des côtes de l’Île de Beauté.
Jusqu’à la dernière galette
Trois jours après la collision, tout risque de pollution majeure semble définitivement écarté. « Sur les 200 m3 de fioul de combustion qui se sont échappés de la soute du porte-conteneurs CLS Virginia, les 3/4 ont déjà été pompés par les six navires spécialisés envoyés sur zone par la France et l’Italie. Il ne reste donc plus que 40 à 50 m3 de fioul à ramasser. Ce n’est pas énorme, mais c’est un produit assez lourd et visqueux qu’il faut absolument récupérer avant qu’il n’arrive sur les côtes », a expliqué hier matin le vice-amiral d’escadre du Ché, préfet maritime de la Méditerranée, qui coordonne toutes les opérations. Pour ne rien laisser en mer, des chalutiers, dotés d’un équipement spécial, pourraient même être utilisés dans les prochains jours pour repêcher les boulettes ou galettes d’hydrocarbure. En attendant, avions et hélicoptères de l’État survolent régulièrement la zone pour repositionner la nappe éclatée en cinq rubans et qui s’étend sur 25 km. Si ce premier chantier est en bonne voix, l’opération de désincarcération du roulier Ulysse dont l’étrave est profondément encastrée dans la coque du Virginia s’avère plus délicate, comme nous l’indiquions déjà mardi.
Le bulbe coince
Les premières tentatives sont restées vaines. « Avec sa seule propulsion en arrière, le roulier Ulysse s’est dégagé d’à peine deux mètres. L’utilisation de l’Abeille Flandre et du Jason n’a rien donné de plus», précise le préfet maritime, dont la seule préoccupation est de « ne surtout pas provoquer de suraccident ». Avec l’accord des armateurs à qui il incombe désormais de séparer les deux navires, le CTC, aidé d’une multitude d’experts dont des spécialistes de l’architecture navale, et s’appuyant sur les images sousmarines réalisées mardi par les plongeurs de la Marine et des marins-pompiers de Marseille, essaye de trouver la bonne solution. « Il semblerait que ce soit le bulbe du roulier Ulysse qui bloque. L’idée sur laquelle on travaille actuellement est de changer la gîte du porteconteneurs Virginia pour faciliter la désincarcération. Mais on doit être sûr que cette opération ne mette pas en péril la stabilité du Virginia ou la structure de sa coque », confie l’amiral du Ché. En cas d’échec, ce dernier n’écarte pas non plus de recourir à des moyens plus lourds permettant de découper des tôles. Quant aux causes de la collision, le préfet maritime s’est refusé à tout commentaire. « L’enquête, confiée aux gendarmes maritimes et diligentée par le procureur de Paris, déterminera ce qui s’est réellement passé et établira les responsabilités », at-il déclaré sobrement.