« Ce fléau est devenu industriel »
Horticultrice à Mandelieu, exploitant des parcelles à Pégomas et Tanneron, Émilie Oggero chiffre en dizaines de milliers d’euros son préjudice. Elle a pris l’initiative de réunir ses confrères pour préparer un courrier à l’attention des pouvoirs publics pour les alerter sur la situation. Cette lettre expose le quotidien d’une profession qui se sent oubliée. « Ces vols, qui existent depuis quinze, vingt ans, se multiplient. Ce fléau est devenu industriel, explique Émilie Oggero. Nous ne représentons rien, nous ne sommes que des branches et des feuilles. Tout le monde s’en moque ». D’où le courrier, signé par soixante-quatorze producteurs du Var et des AlpesMaritimes, installés dans le massif de Tanneron, mais aussi aux Arcs-sur-Argens, où l’un d’entre eux se fait régulièrement piller. Il a été envoyé aux préfets et aux procureurs de la République des deux départements, aux maires du bassin cannois et des communes concernées, et au service régional des douanes « car nos feuillages partent en Italie », assure-t-elle. Elle s’en explique : « L’eucalyptus, une fois volé, ne peut pas être revendu tel quel aux petits fleuristes, la marchandise est brute. Certains voleurs ont été interpellés, ils oeuvrent pour des grossistes italiens qui ne sont pas regardants, qui payent au noir et font de gros bénéfices. Nous, une fois que notre travail a été volé, nos plantations massacrées, il ne nous reste que les yeux pour pleurer ». On peut penser que son courrier, envoyé début octobre, est à l’origine de l’opération d’hier…