Var-Matin (Grand Toulon)

Perpétuité requise contre le gendre d’Hélène Pastor

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Wojciech Janowski, 69 ans, visage peut-être plus fermé qu’à son habitude, n’a pas bronché. Perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, la durée maximale. Si cette peine était prononcée, il serait dans l’impossibil­ité de sortir de prison avant, et ce n’est qu’un minimum, l’âge de 91 ans. « Échec et mat », a lancé Pierre Cortès, l’avocat général, plantant son regard dans celui du gendre d’Hélène Pastor. « Janowski a crevé le plafond de l’indélicate­sse en payant des tueurs à gage à sa solde avec l’argent de sa compagne. » Sur le banc des parties civiles, Sylvia et Gildo, qui se battent froid depuis le début du procès, se sont levés et ont quitté la salle d’audience chacun de leur côté sans faire de commentair­es. « Des réquisitio­ns lourdes, mais il est vrai que nous sommes en face d’un double assassinat marqué par une horreur véritable et inspiré par un cynisme insupporta­ble », a réagi Me Gérard Baudoux, avocat de Gildo Pallanca Pastor avec Me Thomas Giaccardi.

Moins sévère pour Dauriac

Lourd, c’est le terme qui convient au terme d’un réquisitoi­re fleuve de huit heures, entamé jeudi. Pierre Cortès a décrit Pascal Dauriac, 49 ans, coach sportif, comme « un homme sous emprise psychologi­que » du commandita­ire présumé, le gendre d’Hélène Pastor. Dauriac a, selon lui, «la volonté d’assumer ses responsabi­lités ». L’avocat général estime qu’il n’y a pas eu contrainte psychologi­que sur le coach, mais « pression d’urgence ». Ainsi que distributi­on de « cadeaux empoisonné­s » : des voyages, une voiture, des promesses de villa, de salaire confortabl­e. Comment Dauriac a-t-il basculé dans le crime ? « C’est la question lancinante quand on connaît ce garçon au parcours sans tâche : il a vraisembla­blement partagé avec Janowski ce sentiment d’impunité. » L’avocat général a été moins sévère avec lui, ne requérant «que» 30 ans de réclusion criminelle, plaçant bien, de ce fait, Janowski en haut de l’échelle criminelle et Dauriac juste dessous.

Le beau-frère étrillé

L’avocat général a lourdement chargé Abdelkader

Belkhatir, 40 ans, le beaufrère du coach sportif. Dixhuit ans requis. « Le maillon indispensa­ble » qui a fait le lien entre le coach et les bas-fonds marseillai­s. Huit ans d’emprisonne­ment ont été requis contre Omer

Lohore, 31 ans, complice « conscient et éclairé ». C’est celui, notamment, qui proposera un nom pour remplacer le tueur prévu initialeme­nt. Le tueur ayant fait faux bond, c’est Salim Youssouf, 29 ans. Quinze ans requis. « Il était gendarme auxiliaire au moment des faits mais pas très auxiliaire de justice après », ironise Pierre Cortès. Youssouf fera un premier repérage à Nice avant de lâcher l’affaire non sans fournir les munitions qui tueront Hélène Pastor. Pierre Cortès a également brossé les responsabi­lités d’Anthony Colomb, 30 ans, qui s’était vu proposer le coup. Il ne le fera pas mais accompagne­ra Hamadi, le guetteur, pour prendre livraison de l’arme.

Janowski dupé en prison

Jeudi, Pierre Cortès avait évoqué le rôle de Katarzyna Janowska, 39 ans, la nièce de Wojciech Janowski. Une jeune avocate, qui le considérai­t « comme son père». Janowska a, selon l’avocat général, joué un rôle trouble, des « missions discrètes». Elle profitait de sa position d’avocat pour, notamment, faire sortir des courriers présumés antidatés des Baumettes, visant à disculper Janowski. Elle avait été surprise en flagrant délit, passant des enveloppes d’argent liquide à la réception d’un hôtel de Marseille. Le but : corrompre. Car c’est l’affaire dans l’affaire. 62 ans, Francis Pointu, malfrat au casier très chargé, avait réussi en prison à extorquer plusieurs dizaines de milliers d’euros à Janowski. Par un concours de circonstan­ces, l’homme avait été en contact avec le coach et le gendre dans deux prisons différente­s. Et avait réussi le tour de force de faire croire au gendre polonais que Dauriac était prêt à abandonner son témoignage à charge. Le tout bien sûr en échange d’une forte somme. Me Gérard Baudoux s’était amusé jeudi du fait que Francis Pointu avait bien « flairé » le tempéramen­t de Janowski, réussissan­t à le faire cracher au bassinet « comme un citron qu’on esquiche ». En début de semaine prochaine, aux côtés des avocats des autres accusés, ce sera au tour de Me Eric Dupond-Moretti et de Me Luc Febbraro d’intervenir pour la défense du gendre polonais. Ce n’est plus un trou de souris par lequel ils devront passer, mais une tête d’aiguille, tant le dossier semble accablant. Verdict attendu mercredi ou jeudi prochains.

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(Photo DR) Wojciech Janowski, le gendre de la milliardai­re.

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