Inès de la Fressange : “Vive le Made in France !”
Figure de la mode au rayonnement mondial, elle a insisté pour que la campagne pour la marque japonaise Uniqlo, dont elle signe une collection, soient réalisées à St-Tropez berceau de son enfance
Le pavé tropézien est détrempé en cette semaine d’intempéries de tous les dangers. À en regretter presque les glacis parisiens... Toute pimpante, Inès de la Fressange évacue tout cela dans un sourire et prend la pose, comme si de rien n’était au quai d’honneur. Là même où huit ans plus tôt, celui qui la choisit pour muse, Karl Lagerfeld, organisa son grand défilé Croisière Chanel. Pas l’ombre d’une création de la maison de la rue Cambon en cette matinée varoise. Si le mannequin reconvertie styliste-femme d’affaires apparaît à Saint-Tropez, c’est pour la cause... japonaise. Plus précisément la marque Uniqlo pour qui elle signe une onzième collection. « Chaque saison, nous réalisons une nouvelle séance photos de la future campagne publicitaire. D’ordinaire, elle est shootée à Paris, mais cette fois j’ai insisté pour que ce soit à Saint-Tropez qui infuse ma vision de la mode depuis mon plus jeune âge », débute-t-elle. À la manoeuvre photographique, le Suisse Benoît Peverelli qui sort bientôt l’ouvrage Chanel backstage et dont l’épouse n’est autre que la fille de Balthus.
Enfance sur un voilier
Retranchée dans les salons de Sénéquier, elle sirote une boisson chaude dans une tenue crème, entourée de son équipe « soudée-solidaire » et de plusieurs représentants de la marque nippone qui, en dépit du climat instable, semblent aussi heureux qu’elle d’être là. « Ce matin, tout le monde s’est réveillé à 5 heures du matin et nous avons pu profiter d’une lumière naturelle extraordinaire place des Lices. Pour commencer, les mannequins ont posé au naturel, sans artifices. Ça colle bien au mythe tropézien », flashe-t-elle du regard. Autant dire que ce mythe-là, Inès le connaît bien. Chaque été, sa longiligne silhouette déambule dans ses venelles fréquentées depuis l’enfance.
« Je suis née ici ! On ne cesse d’entendre les gens dire “Saint-Tropez, c’est fini, c’était mieux avant...”, etc. Mais c’est faux ! Quel autre endroit peut se targuer d’être aussi authentique et préservé, doté d’un passé culturel unique, riche de Matisse à Sagan en passant par Brigitte Bardot et tous les autres ? Faire le shooting photos ici se justifiait totalement. D’ailleurs, les Japonais sont euphoriques. Pour eux rien que le nom Saint-Tropez est magique ! », insiste l’icône du chic qui est allée jusqu’à faire elle-même des repérages cet été en nourrissant un book rempli d’idées et de clichés. Alors qu’elle balaie du regard le vieux port, les souvenirs n’en finissent plus de remonter à la surface. «Regardez ces voiliers. Enfant avec mon frère, nous y passions beaucoup de temps. Chaque saison, mes parents habitaient sur un bateau dans cette baie... Nous fréquentions aussi l’hôtel Les Girelles à Pampelonne... Je me baignais plage de la Sarriette et je flirtais avec le fils de Gérard Philipe, Olivier. J’avais 10 ans et il m’impressionnait beaucoup car il conduisait une 2 CV dans leur propriété ramatuelloise», s’amuse-t-elle.
Une chambre à son nom comme B.B.
À présent, la maison de vacances se situe plutôt à Tarascon, mais la fibre vibre ponctuellement pour s’échapper vers la cité du Bailli et filer le long du cimetière marin pour déjeuner plage des Graniers, chaussée de sandales Rondini dont elle est fan absolue... «J’aime citer les belles marques d’ici découvertes au village. Elles fourmillent. Il faut faciliter le Made in France !», s’engage cette entrepreneuse sans frontières. Elle n’oublie pas non plus les amis du cru comme Danièle Thompson. La réalisatrice du mitigé Cézanne et moi l’accueille chaque été dans sa villa du Capon. La voici qui vient d’annoncer vouloir tourner une série sur les jeunes années tropéziennes de BB... « Elle a connu cette époque ! Qui d’autre mieux qu’elle peut le faire ? », se réjouit Inès qui comme Mademoiselle Bardot, se déclare très « fière » de bénéficier d’une chambre à son nom, à l’Hôtel de la Ponche. Les anecdotes locales continuent de fuser, mais déjà Inès doit rallier un nouveau port. Celui de Sydney en Australie où elle inaugure une boutique Roger Vivier dont elle est également l’ambassadrice dans le monde. De quoi alimenter encore et encore La Lettre d’Inès ,sa Newsletter coups de coeur sur le Net.
Ici, les Japonais sont euphoriques” Aans, je flirtais avec le fils de Gérard Philipe”