Var-Matin (Grand Toulon)

Vers une reprise des recherches du sous-marin La Minerve ?

Cinquante ans après la disparitio­n du sous-marin au large de Toulon, des familles des 52 victimes souhaitent la reprise des recherches. Pour peser davantage, elles ont adressé un courrier aux élus de la rade

- (Photo DR) P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Le 27 janvier 1968, très précisémen­t à 7 h 59 et 23 secondes, le sousmarin La Minerve disparaiss­ait corps et biens au large de Toulon, à quelque 12 milles dans le sud-est du cap Sicié. Laissant les familles des 52 membres d’équipage dans une peine insondable. Jamais le sous-marin ne fut retrouvé. Pour commémorer le cinquanten­aire de cette tragédie (1), Hervé Fauve, le fils orphelin du commandant de La Minerve, a créé un site internet en janvier dernier – https ://hervefauve.wixsite.com/270168mine­rve –, entièremen­t dédié au drame de sa vie. Il n’avait que 5 ans lorsque son père André a disparu avec tout son équipage. « J’ai éprouvé le besoin de communique­r ce que je savais sur ce drame », confiet-il simplement.

Témoignage­s édifiants

L’histoire aurait pu en rester là. Mais c’était sans compter sur ce besoin de savoir des familles des disparus qui, depuis un demi-siècle maintenant, sont dans l’incapacité de faire leur deuil. Alors qu’au lancement de son site Internet, Hervé Fauve n’avait l’adresse que d’un seul proche de marin de La Minerve ,–« le fils d’un membre d’équipage avec qui j’étais à l’école à Brest »–il est depuis entré en contact avec une bonne trentaine de parents. Des épouses, des frères, des soeurs, des enfants… «À l’époque du naufrage, les collectifs de victimes n’existaient pas. Il y avait comme une fatalité. Chaque famille a donc tenté de faire son deuil dans son coin. Grâce au site Internet, j’ai reconstitu­é la grande famille des familles des victimes de La Minerve», explique Hervé Fauve. Il a aussi recueilli des témoignage­s édifiants. « Les marins de La Minerve avaient en moyenne entre 20 et 24 ans. Un père, qui avait convaincu son fils d’entrer dans la Marine, s’est suicidé après le drame. D’autres parents, refusant de croire à la mort de leur enfant, ont continué d’alimenter des comptes d’épargne. Certains ont même cru que le sous-marin et son équipage avaient été enlevés par

les Soviétique­s », raconte l’intéressé, plein de compassion.

La télévision intéressée

De ces échanges, de ces confession­s intimes témoignant de la douleur intacte des familles, est née l’idée de reprendre les recherches, trop vite abandonnée­s à leur goût. Selon Hervé Fauve, la majorité des familles avec lesquelles il est en contact y serait favorable. « Trente-deux personnes, représenta­nt 18 familles et quatre génération­s, sont signataire­s du courrier que

(2) nous envisageon­s d’adresser aux élus de la rade de Toulon », déclare le fils du dernier commandant de La Minerve. Un courrier dans lequel il est écrit que « seule la découverte de l’épave pourrait permettre d’aller au bout de ce travail de deuil ». Pour montrer leur déterminat­ion, et pointer du doigt « le peu de considérat­ion » dont fait preuve l’État français à leur égard, les familles se seraient déjà mises en quête de fonds pour financer l’opération. « Un producteur TV s’est montré très intéressé par l’histoire et pourrait contribuer au financemen­t des recherches », assure Hervé Fauve, sans plus de précision. Reste à savoir quelles sont les chances réelles de réussite d’une telle entreprise, 50 ans après la disparitio­n du sous-marin ? Une question sur laquelle Hervé Fauve se montre très optimiste. «Avec les nouvelles technologi­es, ces recherches ont de bonnes chances de succès. D’autant plus qu’on a une idée assez précise de l’endroit où le sous-marin a sombré », affirme-t-il. Et d’ajouter : «Les recherches du Titanic ou de l’Airbus A330 du vol 447 d’Air France étaient autrement plus difficiles et ont été couronnées de succès ». 1.Voir nos éditions du mercredi 24 janvier 2018. 2. Parmi les destinatai­res figurent les députés du Var Geneviève Lévy, Cécile Muschotti, Émilie Guérel, Jean-Louis Masson ou encore Philippe MichelKlei­sbauer. Mais aussi le maire de Toulon Hubert Falco et ses homologues de La Seyne et Saint-Mandrier.

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Cinquante ans après la disparitio­n de La Minerve, les familles des victimes ont du mal à comprendre l’abandon rapide des recherches. « La Minerve est la seule épave collective qu’on a jamais recherchée jusqu’au bout depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», affirme Hervé Fauve, le fils orphelin du dernier commandant du sous-marin.

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