Var-Matin (Grand Toulon)

« De vraies chances de retrouver l’épave »

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-L. P.

Ancien capitaine de frégate de la Marine nationale, Paul-Henri Nargeolet pilote depuis de très nombreuses années des petits sous-marins d’exploratio­n capables d’atteindre de très grands fonds. Et encore aujourd’hui, il plonge sur l’épave du Titanic pour mesurer la dégradatio­n de l’épave. Il a bien voulu répondre à nos questions sur une éventuelle reprise des recherches de

La Minerve.

Reprendre les recherches de La Minerve  ans après sa disparitio­n, ça vous paraît sérieux ? Les moyens de recherche et d’interventi­on ont fait d’énormes progrès ces dernières années. Notamment grâce à l’Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer (Ifremer) et à l’industrie pétrolière. Les outils sont beaucoup plus performant­s aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a un demi-siècle. Pour vous donner un ordre d’idée : on est désormais capable de trouver une aiguille dans une meule de foin, mais pas dans un champ de meules… Selon vous, ces recherches auraient donc de bonnes chances d’aboutir ? Absolument. Si l’on est capable de retrouver des épaves disloquées d’avion, voire leurs boîtes noires, on a toutes les chances de retrouver un sous-marin. D’autant plus que dans le cas de La Minerve, on sait, si les informatio­ns du sismograph­e qui a enregistré l’accident sont cohérentes, où effectuer les recherches. Avec les sonars remorqués actuels, capables de balayer des bandes de  à  km de largeur, ou un robot sousmarin autonome, on ne devrait pas mettre longtemps à retrouver l’épave.

Et à quel prix ? Si elle a lieu, cette opération coûtera très cher. Il faut compter entre   et   dollars la journée. Même si l’Ifremer reste à contacter en priorité, quatre à cinq sociétés américaine­s disposent des moyens pour mener à bien de telles recherches.

Y a-t-il un risque de retrouver des corps comme le craignent certains proches réticents à la reprise des recherches ? Si les images d’une coque éventrée, écrasée par la pression peuvent être un choc, il est peu probable en revanche qu’on trouve des squelettes, des restes humains. Tout ce qui est organique disparaît assez vite dans l’eau. Sur l’épave du Titanic, on n’a jamais trouvé autre chose que des valises. Et puis, on parle de localiser l’épave, pas de la remonter à la surface…

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(Photo DR) Paul-Henri Nargeolet, ici aux commandes d’un sous-marin d’exploratio­n.

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