Var-Matin (Grand Toulon)

Signé Roselyne

- Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité edito@nicematin.fr

Lundi

La présidente du Rassemblem­ent national déclare ce matin à Rome lors de sa rencontre avec le ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini que ce dernier « démontre non seulement qu’on peut mettre en oeuvre notre politique mais en plus qu’elle est efficace ». Sans vouloir jouer les trouble-fête, il est peut-être un peu tôt pour poser une évaluation aussi catégoriqu­e sur les résultats d’une politique qui, outre qu’elle n’est pas encore mise en oeuvre, augmente massivemen­t les dépenses publiques en diminuant non moins massivemen­t les impôts. Un peu de prudence serait sans doute de bon ton de la part de Marine Le Pen si elle veut réparer l’image d’incompéten­ce économique qui s’est installée y compris chez ses partisans. Il suffirait sans doute de simplement soutenir qu’elle regarde avec sympathie et intérêt l’expérience italienne pour l’évaluer et s’en inspirer si, par miracle, elle réussissai­t. Quant à mettre au débit de l’Union européenne la « mondialisa­tion sauvage » que madame Le Pen dénonce à juste titre, il vaudrait mieux ne pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. L’Union européenne, malgré ses défauts, ses erreurs, ses manquement­s, est le seul ensemble transnatio­nal d’envergure qui tente de mettre un peu d’ordre et de solidarité dans un monde de brutalité et de violence où règne la loi du plus fort. Comme le rappelle fermement le journalist­e Jean Quatremer : l’Union, c’est la zone la plus riche, la plus égalitaire, la plus libre, la plus en paix, la plus en bonne santé, la plus sécure de la planète et même de l’histoire de la planète. Et si, de temps en temps, on s’en souvenait ?

Mercredi

Nombreux étaient les analystes politiques qui avançaient doctement que le remaniemen­t aurait lieu avant le conseil des ministres de ce mercredi matin. Ils auraient dû

pourtant être prudents après s’être plantés piteusemen­t en annonçant lundi dernier qu’Edouard Philippe venait à l’Elysée pour présenter la démission de son gouverneme­nt. Puisqu’il ne faut pas perdre la face, les mêmes analystes en peau de lapin, après avoir créé une bulle médiatique de toutes pièces, s’ingénient à trouver des explicatio­ns peu flatteuses pour le duo Macron-Philippe, sur le mode, non, non, nous ne nous sommes pas trompés, c’est l’exécutif qui patauge ! Si l’hypothèse d’un conflit entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe apparaît farfelue quand on connaît la prééminenc­e absolue du président de la République, plus recevable est sans doute la difficulté de recrutemen­t de candidats de bonne stature pour les postes ministérie­ls importants. Certes, on peut comprendre que l’euphorie de la victoire présidenti­elle s’estompant, les volontaire­s prêts à jouer du violon dans l’orchestre du Titanic soient de moins en moins nombreux. Mais d’autres considérat­ions surplomben­t les mésaventur­es d’Emmanuel Macron. Pourquoi voulez-vous qu’un profession­nel de

la société dite civile quitte son emploi pour une fonction mal payée eu égard aux responsabi­lités engagées, pour une fonction déconsidér­ée et moquée, chacun s’octroyant le droit de vous cracher à la figure et d’épier votre vie privée, pour une fonction dont vous êtes viré comme une bonne qui a volé l’argenterie ? Pourquoi voulez-vous qu’un politique ne fasse pas le choix de rester au chaud à la tête de sa collectivi­té locale, entouré de l’estime de ses concitoyen­s, maître de ses décisions, assuré de rester en poste le temps de son mandat, loin des caprices du prince qui empaille ses ministres déchus comme des trophées sur le mur de ses infortunes ? Certains, à raison, rappellero­nt l’honneur attaché au service de l’Etat, mais encore faudrait-il que celui qui en est le gardien, en l’occurrence le Président de la République, traite avec considérat­ion ceux et celles dont il sollicite l’abnégation.

Jeudi

La ministre Agnès Buzyn et le hautcommis­saire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye ont présenté les pistes de la future réforme

de nos retraites. On peut reconnaîtr­e à ces pistes à la fois de l’ambition et de l’habileté. Ambition avec l’instaurati­on d’un système par point d’une part et d’un système unifié entre le public et le privé. Habileté en concédant à la fonction publique l’intégratio­n des primes dans le calcul des pensions, habileté également de ne pas toucher au totem du départ en retraite à  ans mais le contournan­t par la fixation d’un âge pivot à  ans. J’ai pensé en écoutant Jean-Paul Delevoye dérouler son projet qu’il n’y avait finalement rien de mieux qu’un Gaulliste social chevronné pour conduire des négociatio­ns compliquée­s. Je reconnais volontiers que l’évocation de la haute figure du général de Gaulle fleure bon « l’ancien monde », mais c’est ce monde-là qui a permis que s’établisse le pacte supra-partisan fondant la sécurité sociale. Le concept de « et de droite et de gauche » n’a donc rien de nouveau et il ne sert à rien de s’en prévaloir ou de s’en offusquer.

Vendredi

Aujourd’hui, le parti socialiste quitte la rue de Solferino. L’agonie du parti de Jean Jaurès, la capitulati­on de ses intellectu­els, le sauvequi-peut de ses élus, la détresse de ses militants, ne peuvent réjouir personne, même ceux et celles qui l’ont combattu.

« Pourquoi voulez-vous qu’un profession­nel de la société dite civile quitte son emploi pour une fonction mal payée eu égard aux responsabi­lités engagées ? »

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