Parcours coordonné de soins : des mots à la réalité
Comprendre les enjeux du parcours coordonné de soins, analyser les freins et repérer les leviers, tel était l’objectif des dernières rencontres de Santé matin
Construire un système autour d’un parcours de soins fluide et coordonné : c’est l’une des mesures phares du plan santé présenté le 18 septembre dernier par le président de la République. L’idée n’est pas nouvelle puisqu’elle s’est déjà traduite par la création du médecin référent ou du parcours de soins coordonnés en 2004. Mais force est de constater qu’elle a eu jusqu’à présent peu de traduction concrète, en dépit d’expérimentations réussies dans un certain nombre d’établissements. «En août 2004, lorsque le passage par le médecin traitant est devenu la règle, le principal enjeu était économique», reconnaît Malik Albert, directeur général adjoint du CHPG (Centre hospitalier Princesse-Grace). Il s’agissait en effet d’éviter les recours abusifs aux médecins spécialistes, tous ces actes inutiles qui coûtent très cher à l’assurance-maladie. Mais, « cette réforme, ambitieuse, était aussi intimement liée à la mise en place cette même année du DMP (dossier médical personnel informatisé reprenant toutes les données médicales, ndlr).» Et c’est là que le bât blesse. Car, dans les faits, ce DMP, tour à tour qualifié de « serpent de mer » ou d’« Arlésienne » n’a, 14 ans plus tard, toujours pas vu le jour. Aussi les médecins traitants se trouvent-ils aujourd’hui dans une situation peu favorable à une bonne coordination des soins ; après avoir adressé leur patient à un correspondant, libéral ou hospitalier, souvent, c’est « plus de son, plus d’image ». «Lorsqu’un médecin envoie un patient à un spécialiste, quels retours en a-t-il ? Quand il l’hospitalise, quels sont les comptes rendus et dans quel délai les reçoit-il? Il en a pourtant besoin pour savoir ce qu’on lui a fait, ce qu’on lui a prescrit et comment il va devoir continuer à le prendre en charge », insiste le Dr Laurent Saccomano, président de l’Urps médecins libéraux Paca. « Ce qui n’a pas fonctionné, c’est le retour d’information au médecin traitant », confirme Malik Albert. Il faut que les choses évoluent. Au bénéfice du système de santé. Au bénéfice du patient, aussi. Surtout. Pour que nous ayons tous les mêmes chances. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, de l’aveu même des professionnels du secteur. «Ily a aujourd’hui les patients qui entrent dans le bon parcours parce qu’ils sont bien informés et correctement orientés. Et puis il y a tous ceux qui sont encore perdus, qui souffrent de délais de prise en charge, longs, tardifs, qui ne sont toujours pas bien orientés, avec parfois une vraie perte de chance; on le voit par exemple avec la prise en charge des AVC. » Mieux organiser la médecine en fléchant des filières, en instaurant une graduation des soins pour des pathologies chroniques, fluidifier l’échange d’informations grâce à des outils de coordination numérique, inventer de nouveaux modes de financement… Au siège de notre journal, les adhérents des Rencontres de Santé matin ont échangé, autour du diagnostic, propositions et initiatives.