Var-Matin (Grand Toulon)

Assises: une semaine de crimes à dormir debout

Coups mortels à La Seyne-sur-Mer, dans un banal conflit de voisinage. En appel pour meurtre, un conducteur amnésique incapable d’expliquer pourquoi il a roulé sur son copain à Marseille

- G. D.

La cour d’assises du Var bouclera sa session d’octobre cette semaine, avec deux crimes de sang dont les ressorts sortent de l’ordinaire. En l’occurrence, ce sont les mobiles de ces crimes (des coups mortels à La Seyne-sur-Mer et un meurtre à Marseille) qui ont de quoi surprendre.

La Seyne : à propos de crottes de chien

Ainsi le 16 février 2014, c’est une histoire de crottes de chien, dans le jardin commun d’une résidence de La Seyne-sur-Mer, qui a provoqué le passage à l’acte. Ce qui est dramatique, c’est qu’un homme de 59 ans est mort après une altercatio­n avec un de ses voisins. Sylvain Sandri, un travailleu­r handicapé de 52 ans, était en conflit avec tous ses voisins de l’avenue Marcel-Dassault au sujet des déjections canines qu’il ne supportait plus. Le soir des faits, il était sorti de son appartemen­t avec un bâton de bois, pour faire des reproches à Christian Chalmont, 59 ans. Les deux hommes avaient échangé des coups, mais Christian Chalmont, malade du coeur, ne s’était pas relevé. Pour les experts, il pourrait y avoir un lien de cause à effet entre ces violences et le décès de la victime. Au surplus, celle-ci avait des traces de deux coups d’un objet contondant sur la poitrine. Mais Sylvain Sandri a toujours contesté s’être servi de son bâton. Mardi et mercredi, il viendra libre devant la cour, assisté par Me Caroline Malaga. Les parties civiles seront représenté­es par Me Stéphanie Dulout (barreau de Dax).

Appel : conducteur meurtrier à Marseille

S’il faut en croire Abdelmakek Laib, un Algérien de 37 ans demeurant à Istres, sa mémoire était en pause la nuit du samedi 11 au dimanche 12 janvier 2014. Si bien qu’il ne se souvient pas avoir tué cette nuit-là Nacim Ben Hamida, un de ses amis d’Istres, en lui roulant plusieurs fois sur le corps avec une voiture. Jeudi et vendredi, il viendra faire appel de la décision de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, qui l’a condamné pour ces faits à quinze ans de réclusion en octobre 2017. Les deux hommes avaient quitté Istres ensemble le samedi soir, dans l’idée d’aller faire la tournée des grands-ducs à Marseille. Ils avaient été retrouvés le lendemain devant un supermarch­é de l’avenue du Prado, Nacim Ben Hamida mort sous les roues d’une voiture, dans laquelle Abdelmakek Laib dormait d’un sommeil profond. Le premier avait une alcoolémie de près de 3 g/l et avait succombé à une asphyxie mécanique par lésions de la cage thoracique. Le second avait 2,15 g/l, avait aussi consommé de la cocaïne, ne se souvenait absolument de rien et affirmait n’avoir aucun conflit avec la victime. Les caméras de vidéo surveillan­ce du supermarch­é ont apporté quelques réponses. Pendant près d’une heure, entre quatre et cinq heures du matin, elles ont enregistré plus d’une cinquantai­ne de manoeuvres du conducteur de la voiture, avançant et reculant pour rouler sur le corps de la victime. On sait donc comment Nacim Ben Hamida a trouvé la mort. Mais le mobile reste un mystère. Mes Frédéric Coffano et Yessine Bouchareb assisteron­t Abdelmakek Laib, accusé de meurtre. La famille de la victime a confié ses intérêts à Me Patrice Reviron.

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(Photo DR) Les mobiles des crimes qui seront soumis cette semaine à la cour d’assises sortent du commun.

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