Var-Matin (Grand Toulon)

Le péché d’orgueil

Pour avoir voulu arracher le bonus offensif dans un temps fort et refusé de tenter deux pénalités, le RCT a perdu le gain du match. Un choix assumé

- PHILIPPE BERSIA

Contraints de jouer 30 minutes à 14, menés au score depuis la 21e minute, et toujours aussi fébriles là où on les espéraient un peu plus libérés, les Rouge et Noir sont passés hier près de la crise de nerfs. Pour autant, grâce à une débauche d’énergie hors norme et une mêlée dans l’avancée, ils ont eu clairement l’opportunit­é de gagner ce match et ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes de l’avoir laissé filer...

« On a joué à quitte ou double »

On jouait la 73e minute et Newcastle, arc-bouté en défense, menait encore 26-25 quand Trinh-Duc s’est vu offrir une première pénalité à 52 m face aux perches. Malgré l’appui du vent, le demi-d’ouverture choisissai­t une première fois la pénaltouch­e. Rien de choquant pour un coup de pied si lointain même si les Rouge et Noir ont gaché cette munition dans la foulée. En revanche, lorsque Mr Whitehouse leur a de nouveau offert une chance, cette fois en moyenne position, de passer devant, trois minutes plus tard, on pensait qu’il ne prendrait pas une nouvelle fois le risque. C’était mal connaître Patrice Collazo qui dans l’embarras général côté joueurs, prenait bien sûr ses responsabi­lité et demandait à nouveau la pénaltouch­e... Pour le résultat que l’on sait. Certes, comme le jeu appelle faute, les décisions prises à chaud peuvent se révéler mauvaises une fois le coup parti et la critique paraît facile après-coup. Que dirait-on aujourd’hui si le pack toulonnais avait emporté son homologue dans la foulée et emballé le final ? Mais ce choix-là avait quand même toutes les caractéris­tiques du péché d’orgueil. Soumis à la question en conférence de presse, le coach toulonnais l’assumait parfaiteme­nt. Bien loin de se flageller comme son homologue agenais, Reggiardo, l’avait fait après sa défaite à Mayol en répétant à l’envi, «C’est ma faute, c’est ma terrible faute», Patrice Collazo assumait tout simplement : «C’était mon choix, c’est moi et je vous regarde dans les yeux. Parce que j’aime bien aller au bout de mes idées. Parce qu’on est sur un temps fort, parce que la pénalité est excentrée et ne nous permet de passer qu’un point devant. L’équipe est sur une dynamique positive, elle a besoin de confiance et si on bascule là, on bascule totalement. Ça ne l’a pas fait aujourd’hui, mais ça viendra. Je sais qu’aujourd’hui on va dire, c’est la faute à Collazo. Il n’y a pas de soucis.». Vu sous cet angle, la «faute» est déjà moins flagrante. Mais elle n’en est pas moins bien réelle : «Onajouéà quitte ou double et on a perdu » reconnaiss­ait facilement Raphaël Lakafia, conscient d’avoir perdu «tout seul» ce match. Et le capitaine du RCT d’ajouter pour aller un peu plus loin dans l’analyse : «On pourra toujours revenir sur ce dernier choix, Mais quand on joue la Champions cup pendant 30 minutes à 14, on ne se met pas dans les meilleures conditions.».. Au final, quelle que soit la ou les raisons de ce nouvel échec, voilà le RCT bien mal embarqué dans cette compétitio­n.

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(Photos Frank Muller et AFP) Patrice Collazo peut se prendre la tête à deux mains. Son pari en fin de rencontre s’est avéré perdant.
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