Economie circulaire : des solutions made in Var
A l’occasion du 2e colloque portant sur l’économie circulaire dans le Var organisé par la CCI à Puget-sur-Argens, voici une sélection d’entreprises qui proposent des solutions concrètes
Décidément, les événements organisés autour de l’économie circulaire se sont bousculés toute cette semaine dans le Var. Jeudi a eu lieu justement un colloque à Puget-sur-Argens auquel étaient invités de nombreuses entreprises issues de secteurs très variés et d’associations du Var pour présenter leurs solutions. Selon la chambre de commerce et d’industrie du Var, l’économie circulaire pourrait représenter un potentiel de 300 000 emplois supplémentaires, pour la plupart locaux, pérennes et non délocalisables. Pour mettre un terme au « fabriquer, consommer, jeter », des acteurs économiques engagés dans cette nouvelle forme d’économie ou en passe de l’être ont témoigné de ce qui existait ou pouvait se faire dans le Var. Mise en place de consigne de bouteilles de vin, production d’énergie à partir de déchets verts, fabrication d’isolant à partir de cartons usagés ou de posidonies, recyclage d’épaves de bateaux… les idées fleurissent et c’est une bonne nouvelle pour l’avenir.
Le recyclage des bateaux de plaisance
Le groupe Sclavo à Fréjus, leader du traitement et recyclage des déchets des entreprises du Var et des Alpes-Maritimes, envisage de créer en 2019 une plateforme de recyclage de bateaux de plaisance hors d’usage. Près de 15 000 d’entre eux en France, dont 6 000 en région Paca, gisent dans des ports, des canaux, au fond de jardins, sur le bord des routes, près des rivages. Or, au 1er janvier 2019, la Responsabilité élargie du producteur (REP) sera mise en place en France. Cette taxe prévoit une éco participation à l’achat des bateaux. Les recettes pourront financer la filière du recyclage de ces épaves car leurs derniers propriétaires sont rarement identifiables. Le groupe Sclavo se chargera de les déconstruire ou dépolluer sur place ou dans son site dédié qu’il a prévu de construire au coeur de ses trois Eco Pôles à Fréjus, avant de les valoriser. Seul « hic », les coques en composite sont difficilement recyclables. « On travaille avec des écoles d’ingénieurs et des associations pour trouver des solutions, confie Jimmy Humphreys, responsable projets au sein du groupe. Mais ce sera un gain pour les ports avec moins de pollution des mers, des sols et même visuelle, tout en revalorisant ces matériaux vers des filières énergétiques. » Le site dédié, dont les travaux vont débuter dans quelques semaines, devrait ouvrir avant l’été 2019.
Le retour de la consigne des bouteilles en verre
Parmi ses nombreux projets (notamment le recyclage de bâches publicitaires usagées pour réaliser des sacs plastiques), l’association Ecoscience Provence à Brignoles prône le retour de la consigne pour les bouteilles en verre. Une centrale de lavage sera mise en activité, destinée aux viticulteurs volontaires pour expérimenter la consigne, avant d’étendre ce dispositif aux supermarchés et acteurs de la restauration locaux. Objectif : récupérer 250 000 bouteilles en trois ans pour éviter 75 tonnes de CO2 et générer ainsi plus de 40 000 euros sur le territoire, dont 10 000 euros économisés pour les collectivités. « La consigne, c’est du bon sens et c’est mieux que le recyclage des bouteilles en verre car il faut les casser, les fondre, en refaire. Ça consomme quatre fois moins d’énergie et ça coûte moins cher, indique Marie Robin, chargée de mission de l’association. Des viticulteurs testent déjà la consigne et l’idée est, pour les grossistes en boissons qui fournissent les restaurants, « de remplir leurs camions au retour » pour éviter les trajets à vide. Enfin ce modèle économique repose aussi sur les collectivités avec « la mise à disposition de points de collectes intelligents » pour inciter les populations au recyclage.
Les posidonies pour isoler les habitations
Trois étudiants de Kedge Business School en Master ingenierie des affaires, Olivier Misto, Maxime Pasquale et Margaux Douezy ont créé Seaweed (algue en anglais), une startup qui propose de revaloriser les posidonies échouées sur le littoral méditerranéen en isolant bio-sourcé pour les habitations. « Ces posidonies génèrent un coût important pour les communes qui les stockent alors que c’est un produit étanche, imputrescible, ignifuge, antirongeurs, avec un bilan carbone neutre et que l’on peut utiliser soit en plaques pour l’isolation murale, soit en sacs pour l’isolation des sols et des combles », confie Olivier Misto. Seul frein à ce projet : un arrêté de 1988 qui protège cette espèce, même morte. Ces jeunes startupers, déjà plusieurs fois récompensés pour leur projet, cherchent ainsi des leviers pour réussir à lancer leur activité dans la région.