Le digital au bénéfice de la transition énergétique
Le club Eco Réputé énergivore, le digital peut-il servir à la transition énergétique ? Plusieurs actions menées en Principauté de Monaco le témoignent. Green et smart à la fois
La transition numérique et énergétique sont des sujets du quotidien qui répondent à de vrais enjeux très différents. S’engager dans la transition énergétique, c’est éviter les émissions de CO2 et contribuer à sauvegarder notre principal actif qu’est la planète. La transition numérique, elle, est plus polymorphe, avec une transformation en profondeur de tout le fonctionnement de la société : le plan économique, le mode de travail, les interactions des uns avec les autres, les modèles sociaux. À Monaco, les deux sujets sont particulièrement marquants, traités et appréhendés. Le gouvernement a mis en place une mission pour la transition énergétique et nommé un délégué interministériel au numérique. Les opérateurs, concessionnaires et acteurs privés se sont aussi emparés du sujet. Comment le digital peut-il contribuer à la transition énergétique ? Le club Eco de Monaco-matin en débat au coeur de la centrale SeaWergie à l’invitation de la Société Monégasque de l’Electricité et du Gaz (Smeg).
Quelle part avez-vous à jouer dans la transition énergétique ? Thomas Battaglione, administrateur directeur général de la Smeg: La production électrique dans le monde représente aujourd’hui % des émissions de CO. Or, le rapport du GIEC sorti la semaine dernière indique clairement que si les émissions de CO ne sont pas réduites de %, on ne pourra limiter la hausse des températures à deux degrés et que cela engendrera des processus irréversibles sur le climat. L’enjeu est de taille. Quelles passerelles établir avec le digital qui est très énergivore ? Dans le numérique, c’est vrai, on a des usages au quotidien en augmentation perpétuelle qui pèsent % de la consommation électrique mondiale, soit % de l’émission de CO (un tiers pour les terminaux, tablettes, smartphones, un tiers pour les data centers, un tiers pour les réseaux). Dans le même temps, le digital est un formidable levier pour contribuer à la réduction de consommation. Expliquez-nous ça... Pour nous énergéticiens, nous avons deux manières de réduire nos émissions de CO. La première est de produire sans en émettre. C’est ce que nous faisons à Monaco en équipant un maximum de toitures en panneaux solaires. C’est ce que nous faisons à plus grande échelle avec le gouvernement quand nous créons une société commune, Monaco Énergie Renouvelée, avec, pour objectif, de détenir des actifs de production verte. Qu’il s’agisse d’éolien, d’hydrolique ou de solaire. L’ambition à terme est de couvrir l’ensemble des besoins de Monaco avec l’électricité verte. Votre deuxième manière de diminuer le CO est de consommer moins ? Tout à fait, et là, l’apport du numérique est ultra-intéressant car pour consommer moins, il nous fait éviter les pertes sur les réseaux avec des outils qui permettent de piloter en temps réel nos réseaux de distribution pour améliorer leur performance. Il faut aussi expliquer au consommateur ce qu’il consomme et ce qu’il peut faire pour diminuer ses besoins.
Les applis peuvent y aider ? Nous en avons lancé une en direction des particuliers en prenant % dans la startup GridPocket à Sophia Antipolis. MyNexio permet d’identifier et les consommations et les gestes pour les faire baisser.
Et l’intelligence artificielle ? Elle nous sert positivement dans le programme Smart+ avec le gouvernement. En général, les bâtiments ont leur courbe de consommation mais ils ne savent déterminer la part de tel ou tel équipement. On y parvient en les équipant de boîtiers qui permettent, au travers d’algorithmes très puissants, de reconnaître la signature électrique passant dans les câbles et de pouvoir l’associer à un équipement : chauffage, pompes, éclairage, informatique… Ça nous permet de sourcer ce qui appelle de la consommation électrique. Une fois que l’on a ces bases de références, chaque immeuble est capable de mettre des actions en place et de voir leur effet en temps réel. On a testé sur trois sites et on a un programme de déploiement sur cent sites.
Cette numérisation peut-elle être poussée plus loin ? C’est le but du programme de numérisation lancé par le gouvernement et dont nous sommes parties prenantes. Il s’agit d’une numérisation ultraprécise de Monaco dont l’ambition est d’avoir d’ici fin l’intégralité du territoire monégasque modélisé de manière très précise. Ça permettra à tout un chacun d’opérer des simulations sur les réseaux, la qualité de l’air, etc. On a fait un pilote sur le quartier de la Condamine, le but est de l’étendre à l’ensemble de la Principauté.