L’oeuvre de soeur Emmanuelle se poursuit
Dix ans après son décès à Callian, la commune va donner demain le nom de la religieuse à un square. Asmae, l’association qu’elle avait fondée, continue à oeuvrer auprès des plus pauvres
Le 20 octobre 2008, soeur Emmanuelle fermait les yeux pour la dernière fois, dans la maison de retraite de sa congrégation, les soeurs de Sion, à Callian. Dix ans après, le village, sollicité par Asmae, l’association qu’elle avait fondée, va lui rendre hommage demain matin en donnant son nom à un square. Que reste-t-il de l’héritage de soeur Emmanuelle ? Tous ceux qui l’ont côtoyée, font le même constat : la religieuse a insufflé une énergie débordante, mis en place de multiples actions, toujours présentes après tant d’années. Son oeuvre auprès des plus pauvres, perdure.
Des valeurs, des actions jusque dans le Var
Plusieurs associations de la diaconie du Var se souviennent avec émotion de l’empreinte qu’elle a laissée en faisant halte chez elles, « notamment les associations de l’Est Var où elle a passé les dix dernières années de sa vie comme bénévole, avec un inoubliable rayonnement d’énergie, de bienveillance et de témoignage de foi », rappelle le diacre Gilles Rebèche qui cite les projets varois ayant bénéficié de son soutien (lire ci-dessous). Une autre personne mesure tout ce que soeur Emmanuelle a réalisé. Il s’agit du Monégasque JeanClaude Eude. «Lorsque j’habitais au Caire, nous l’avons découverte avec mon épouse, en 1979 avec ses chiffonniers. Cela a remué pas mal de choses. Notre amitié a duré 30 ans ». Lui, financier, l’a aidée pour lever des fonds. « Au début elle ne voulait pas venir à Monaco. Elle a fini par accepter. Elle tutoyait tout le monde, même le prince Albert. Il y avait une espèce de connivence. Comme il est généreux, il n’était pas insensible à tout cela. Tout cela était porté par une foi absolue et un charisme débordant. Elle l’utilisait et même en abusait pour obtenir des financements. Je l’ai vue devant des gens importants donner du : Et toi, que peux-tu faire ? ».
Soeur Emmanuelle était une indignée
Pour M. Eude, « son héritage est fait de valeurs. Les siennes sont indémodables : l’amour de l’autre, la dignité humaine, le partage, l’action. Ce sont les mêmes que celles de Martin Luther King, Mandela » .Il ajoute : « c’était une indignée. Elle considérait qu’on ne doit pas accepter des inégalités trop grandes. ». L’association fondée par soeur Emmanuelle continue à agir, comme lorsqu’elle était là « et ça permet de parler de ses valeurs» dit cet homme qui continue d’aider Asmae, convaincu que vivre en accord avec elles rend meilleur.