Chambardement allemand
Le feuilleton du remaniement ministériel a fait passer au second plan un événement politique européen considérable : les résultats de l’élection régionale qui s’est tenue ce dimanche en Bavière. Ce scrutin dans le deuxième plus peuplé des seize lands allemands, avec % de la population du pays, et un taux de chômage inférieur à %, signe d’une grande prospérité, est un véritable coup de grisou. Ici régnait sans partage, depuis , la très conservatrice CSU, (Union chrétienne sociale), bras munichois de la CDU d’Angela Merkel. Lors des élections de , elle avait obtenu , % des suffrages, écrasant les socialistes du SPD, , % des voix, et les Verts, , %. Cinq ans plus tard, la CSU demeure en tête avec % seulement et perd sa majorité absolue dans la région. Le désastre est pire encore pour le SPD : avec , %, il voit la moitié de son électorat s’envoler. Un chambardement dont les répercussions vont bien au-delà des frontières de la Bavière. La CSU et le SPD constituent, en effet, avec la CDU la grande coalition que dirige à Berlin Angela Merkel. C’est donc le gouvernement allemand qui est mis à mal et par ricochet toute l’Europe. Comment faire fonctionner l’UE avec une chancelière aussi affaiblie ? Question cruciale pour Emmanuel Macron. Question aussi très délicate car, audelà de ce double revers, les urnes bavaroises dessinent un nouveau paysage politique. Avec près de %, les Verts deviennent le deuxième parti bavarois, devant l’autre gagnant de ce scrutin, l’extrême droite de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), qui, avec , % , fait son entrée dans le Parlement bavarois et se retrouve désormais présent dans quinze des seize lands allemands. Ces bouleversements ont trois conséquences. D’abord, ils déstabilisent la grande coalition d’Angela Markel : le SPD avait hésité à y participer, il y perd beaucoup de plumes et peut être tenté de la quitter. Ensuite, les Verts se retrouvent en position de force pour négocier avec la Chancelière. Les élections le octobre dans le land de Hesse, déjà gouverné par une coalition CDU/ Verts, seront du coup un test très important. Enfin, la progression de l’AfD en Bavière, malgré une droitisation de la CSU, confirme l’installation de l’extrême droite outreRhin et le poids de plus en plus grand de la question migratoire dans tous les pays européens.
« LAfD se retrouve [...] désormais présent dans quinze des seize lands allemands. »