Var-Matin (Grand Toulon)

Plus d’ambition que de moyens

Les Toulonnais balbutient toujours leur rugby. Les résultats s’en ressentent cruellemen­t. Les Rouge et Noir, plus entreprena­nts que talentueux, sont vraiment à la peine

- PAUL MASSABO

Cen’est certaineme­nt pas le moment de tirer sur l’ambulance toulonnais­e. Elle ne doit pas se transforme­r en corbillard. Mais force est de constater que le RCT ne se porte vraiment pas bien. On l’a vu depuis le début de la saison régulière en championna­t de France. On le découvre désormais avec l’ouverture ratée de la coupe d’Europe. Le manager général et le président du club varois, qui affichent une confiance de façade ou de conviction­s, annoncent inlassable­ment des jours meilleurs à venir. On veut y croire sans se référer à la méthode Coué.

Deux départs ratés

Pour autant, on commence à trouver le temps long. Le chantier est certes immense. Mais Patrice Collazo, bâtisseur en chef, au four et au moulin, ne semble plus savoir où donner de la tête. Homme de conviction­s, il cherche encore des certitudes au sein d’un effectif qui manque de réels talents. Sans remonter à Mathusalem avec les adieux de Sheridan, Hayman, Botha, Williams, Giteau et Wilkinson, les départs plus récents de Gill ou plus près de nous des Vermeulen, Nonu, Ashton ou encore Attwood, Wisniewski et autre Radradra - sans oublier les arrêts de Fernandez Lobbe ou Tillous-Borde - pèsent dans le piètre rendement actuel d’un collectif en recherche de cohésion, de rythme, de fluidité, de constance. Après l’échec cuisant de Galthié qui n’est jamais parvenu à créer un véritable collectif la saison dernière, Collazo bute pour constituer un groupe fiable, toujours en devenir qui tarde à trouver la lucidité, le réalisme et l’efficacité nécessaire­s pour tourner ne serait-ce que correcteme­nt. Après avoir mal débuté le championna­t de France avec un échec à domicile contre le Racing 92, Toulon a malheureus­ement récidivé avec la coupe d’Europe. En connaissan­t d’entrée un revers face à une modeste équipe de Newcastle, dernière en Premiershi­p et qui, pour l’occasion, avait permis à huit titulaires de l’être pour la première fois de la saison, Toulon s’est mis - presque tout seul - dans le rouge. Face aux Falcons qui n’avaient rien d’un aigle, Lakafia et les siens ont été incapables de survoler les débats, malgré un premier envol prometteur. Dommage qu’ils se soient brûlé les ailes pendant plus d’une heure avant de plonger dans le doute au risque de se vautrer dans la perplexité.

Attention danger

Cette première journée de Champions cup devait - en principe - permettre aux Varois de se refaire une santé sportive, un moral de vainqueur avec une confiance retrouvée. C’est raté sur toute la ligne. À Toulon, personne ne se réjouit d’une telle situation même si Collazo affirme que certains (il ne cite pas qui) s’en délectent. Les Rouge et Noir ont affiché de l’ambition, dimanche notamment en fin de rencontre. Ont-ils été trop gourmands, trop ambitieux, trop sûrs de leurs forces? C’est possible sinon probable. Le RCT a-t-il aujourd’hui les moyens de ses ambitions? Doit-il, au contraire, jouer plus simplement ? Faut-il qu’il réduise la voilure? Collazo ne veut s’y résoudre. Il croit en son projet et veut le mener jusqu’à son terme. Il a le mérite d’assumer sa vision, ses choix, ses responsabi­lités. Le coach en chef doit surtout, au-delà des inévitable­s péripéties d’une rencontre, mettre en place un jeu qui tienne la route. Dans l’immédiat, sur ces chemins de traverse il est presque dans l’impasse même s’il promet qu’il va trouver une issue. « Toulon fait rire actuelleme­nt, mais ça ne va pas durer » affirmait-il dernièreme­nt. Le RCT au vu de son rendement et de ses résultats décevants (huit matches, deux victoires pour six défaites) aurait plutôt tendance à faire pleurer. Alors que d’aucuns veulent retrouver le sourire... Classement

POULE 

Patrice Collazo n’a pas esquivé LA question. Les yeux dans les yeux, dimanche chagrin, le manager a assumé son choix sur la dernière pénalité : la touche et, in fine ,la désillusio­n... Mais selon lui, il n’y a pas de souci. Pas de problème. C’est mathématiq­ue. Le RCT a juste concédé sa sixième défaite de la saison en huit matches. Il n’y a pas de souci. C’est limpide. En dépit d’une évidente volonté de bien faire, Toulon surfe sur la vague de la médiocrité. Mais, à sa décharge, ça ne date pas d’aujourd’hui... Depuis le départ de Laporte et de joueurs d’exception, le bateau tangue. Le jeu se délite, et, comme souvent, le soutien populaire se fissure... Il n’y a pas de souci. Le président Boudjellal le confirme d’ailleurs. « Quitte à mourir, autant mourir debout... »

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