Le théâtre de Mélenchon
Et si, pour une fois, on parlait d’autre chose que d’Emmanuel Macron ou du remaniement, dont tout le monde a tant glosé avant qu’il n’accouche d’une souris ? Tout ça pour ça ! On évitera donc d’en remettre une couche sur le thème, largement labouré depuis hier, selon lequel le ministère de l’Intérieur, rétrogradé dans l’ordre protocolaire, serait moins que jamais la priorité du gouvernement. Christophe Castaner, comme tous les autres, devra être jugé sur ses résultats. Le reste n’est que bouillie de poussière. Jean-Luc Mélenchon, qui lui n’est décidément que théâtre, fournit l’occasion opportune de parler d’autre chose. « Commediante ! Tragediante ! », selon l’expression prêtée au pape Pie VII au sujet de Napoléon. Il en fait trop, Mélenchon, et ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Il doit, d’urgence, cesser de se prendre pour le nombril du monde. On lui conseille vivement un petit voyage du côté de Sablé-sur-Sarthe. François Fillon lui parlerait du pays. Et de l’enfer qu’il a vécu en . A juste titre sans doute : quand on prétend laver plus blanc que les autres, il faut soi-même user d’un savon décapant. Jean-Luc Mélenchon pourrait aussi converser utilement avec Nicolas Sarkozy de la façon dont il a été gardé à vue, tel un vulgaire loubard, sur le financement libyen. Il n’avait guère goûté « l’humiliation ». Laquelle est toujours plus légitime lorsqu’elle s’applique aux autres. On peut s’en réjouir ou s’alarmer de ses dérives, la République des juges a pris une assurance qui lui fut longtemps inconnue. Mais justement, c’est bien parce qu’elle s’est aujourd’hui largement affranchie du pouvoir politique. Même l’Elysée a fait l’objet d’une perquisition, cet été, en lien avec l’affaire Benalla. Et quitte à lui causer un gros chagrin, disons les choses jusqu’au bout : il n’est pas certain que Macron craigne à ce point Mélenchon, pour se préoccuper de glisser des peaux de banane sous ses (gros) sabots.
«La République des juges s’est largement affranchie du pouvoir.»