Tous pourris (par Mélenchon)
« Pourrissez-les partout où vous pouvez ! ». Dans la bouche d’un baron de la pègre, gros cigare au bec, l’imprécation n’aurait pas détonné. Dans celle d’un élu du peuple, la bave aux lèvres, elle surprend davantage. Mélenchon, celui-là même qui s’égosillait il y a une semaine, smartphone à la main, pour dénoncer la perquisition de son grand appartement en braillant comme un possédé « La République, c’est moi », appelle donc le peuple qui l’a élu à se soulever contre les journalistes de la cellule investigation de Franceinfo. Des « menteurs » .Des « tricheurs » .Des « abrutis ». Ces menaces et ces injures ne sont pas seulement pitoyables. Elles sont aussi dangereuses dans une société où on tue pour une place de parking et où on n’hésite plus à brandir une arme face à une enseignante. Caricature de lui-même, le leader de la France Insoumise n’est malheureusement pas un cas isolé. Dans les conseils municipaux, à la tête des grandes villes comme des plus petits villages, les Mélenchon aux petits pieds pullulent. Ils insultent un correspondant de presse. Menacent un localier. Incendient un photographe. Bousculent un cameraman. Tentent d’intimider un rédacteur en chef. Etonnamment, nos élus sont toujours les premiers à voler au secours de la liberté de la presse. N’a-t-on pas entendu le janvier, lors de ses voeux aux journalistes, le Président Macron défendre, la main sur le coeur, « cette liberté première qu’est la liberté d’expression » ? C’est pourtant le même qui, le juillet, en pleine tempête Benalla, dénonçait devant ses soutiens « une presse qui ne cherche plus la vérité » et « un pouvoir médiatique qui veut devenir un pouvoir judiciaire ». Certes, la presse n’est ni parfaite ni infaillible. Elle agace, titille, provoque parfois mais reste, contre vents démagogiques et marées populistes, un élément crucial de la vie démocratique. Elle est aussi, M. Mélenchon, le premier rempart contre les fausses nouvelles, comme cette histoire de vaccin cubain contre le cancer du poumon pour laquelle vous avez reconnu avoir parlé trop vite. Cela ne fait pas pour autant de vous un menteur ou un abruti.
« A la tête des grandes villes comme des plus petits villages, les Mélenchon aux petits pieds pullulent. »