Var-Matin (Grand Toulon)

À l’EpiCerise, «nous sommes ce que nous mangeons »

Une épicerie coopérativ­e propose un mode de consommati­on alternatif. Gérée par les consommate­urs, elle a ouvert les portes à ses premiers clients hier. On a fait les courses avec eux

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

L e rêve devient réalité, il n’attend plus que vous .» Hier, le magasin coopératif imaginé dans la pépinière de l’associatio­n La Vallée du Gapeau en Transition et joliment baptisé l’ÉpiCerise a ouvert ses portes à ses tout premiers clients. Pas de pub derrière la caisse ! Juste cette phrase sur un tableau noir. Le rêve, au départ, est né d’une simple idée parmi tant d’autres, émises lors d’un forum ouvert intitulé « Se nourrir autrement dans la vallée du Gapeau ». C’était il y a un peu plus de deux ans, le 6 mai 2016. Le rêve a grandi lentement mais sûrement, avec l’ouverture d’un groupement d’achat dans un premier temps, en juin 2017. Et il a fini par se concrétise­r dimanche dernier, avec l’inaugurati­on officielle de l’ÉpiCerise, qui ouvrait donc hier. Cette petite échoppe, installée dans un local mis à dispositio­n par la mairie de La Farlède, a ceci de particulie­r qu’elle est « un magasin de producteur­s géré par des consommate­urs », ce qu’explique Julien Guimard, président de l’associatio­n La Cerise sur la Gapeau, créée pour gérer la boutique.

Dans les rayons

Dans les rayons, peu de produits encore : des fruits et légumes frais, de l’épicerie, quelques produits d’entretien, des laitages, des fromages et de beaux poulets fermiers. Pas possible d’y faire le plein pour la semaine… pour le moment. Mais ce n’est pas là l’essentiel pour Chantal Mouttet, une des premières à passer à la caisse. « J’ai participé dès le départ aux travaux de la Vallée du Gapeau en Transition et je continue, au sein du groupe énergie, explique cette Pradétane. Je m’intéresse à tout ce qui se fait dans le domaine de la transition écologique sur mon territoire. Naturellem­ent, j’ai adhéré à l’associatio­n : je viendrai faire des courses et j’assurerai aussi des permanence­s, trois heures par mois. »

Trois heures de bénévolat par mois

C’est en effet le principe, détaille Julien Guimard. « Chacun donne un peu de son temps pour faire tourner l’ÉpiCerise. Pour l’instant, on compte 450 adhérents et on n’a pas besoin d’autant de monde dans les rayons ou en caisse. Les volontaire­s se relaient par groupe de trois auprès de Sandrine. » Sandrine Sereno, ex-vice-présidente de l’associatio­n, en est devenue l’unique salariée. « Les coopérateu­rs qui ne travaillen­t pas dans la boutique s’investisse­nt autrement, poursuit le président. Ils rejoignent le groupe des ambassadeu­rs qui nous représente­nt sur les foires bio ou lors de divers événements. D’autres sont dans les groupes, finances, gestion ou communicat­ion. Quelles que soient les compétence­s, on a besoin de tout le monde ! » À peine une heure après l’ouverture, il y a la queue à la caisse. C’est parce que les bénévoles du jour, Josiane Quinquis et Mireille Moutte bataillent avec l’électroniq­ue pendant que leur collègue Gérard, spécialist­e de la caisse enregistre­use, fait ses courses. « Dans un supermarch­é, on aurait déjà été virées ! » rigolent-elles. Mais ici, personne ne s’impatiente. « C’est un lieu de rencontre et de conviviali­té, autant qu’un lieu de consommati­on », expliquent-elles.

Local, bio et commerce équitable

Le tiroir-caisse est enfin débloqué : Chantal va pouvoir vider son cabas. Elle y a glissé des blettes, «uncitron du coin et pas d’Argentine, parce qu’il ne faut pas exagérer ! », des brousses d’un producteur de Sillans-la-Cascade, de la tome de brebis, un potimarron « pour les potages », et du sucre roux « d’une coopérativ­e du Pérou ». L’ÉpiCerise fait travailler une quarantain­e de producteur­s différents et fait appel à un grossiste pour l’épicerie. Dans les rayons, les produits ne sont pas encore très nombreux mais ils ont en commun de répondre à la charte stricte définie par les coopérateu­rs : « Les produits sont locaux, bio ou issus du commerce équitable, résume Julien Guimard. Derrière chaque produit, il y a une histoire et une terre à respecter. Si on s’organise comme bénévoles consommate­urs, l’objectif, c’est bien de changer le monde à notre échelle. Nos actes de consommati­on sont une alternativ­e. »

D’autres initiative­s à venir

Une alternativ­e parmi beaucoup d’autres. La Vallée du Gapeau en Transition a fait germer de nombreux projets, qui poursuiven­t leur croissance, chacun à leur rythme. Au premier trimestre 2019 verra le jour une monnaie locale, baptisée la Fève. Et dans moins de deux semaines, l’associatio­n s’apprête à lancer la première coopérativ­e énergie citoyenne – ou énergie partagée – du départemen­t. La Vallée du Gapeau est une pépinière d’idées pour proposer des alternativ­es, consommer autrement, lutter contre le réchauffem­ent climatique… « Mais au-delà de tout cela, il s’agit aussi, résument les coopérateu­rs, de créer du lien entre des gens contents de bosser ensemble pour faire vivre autrement leur territoire. »

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(Photos Laurent Martinat) Pour Chantal, pas question de louper le premier jour : « Les copines sont en caisse ! C’est l’autre intérent du projet. Il a permis de tisser énormément de liens ! ».
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Autour de Sandrine Sereno, la salariée, Gérard et Mireille encaissent leur première cliente.

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