Essence : la goutte de trop ?
C’est le grand paradoxe de ce quinquennat : l’impopularité actuelle de l’exécutif rend le pays grognon mais le laisse atone. Les oppositions sont encore plus déconsidérées, les syndicats fragilisés et les colères s’émoussent donc les unes après les autres. Le Français semble résigné, au point de ne plus céder à son péché mignon, manifester. La hausse du prix de l’essence (+ %) et plus encore du gazole (+ % en un an) va-t-elle changer la donne ? Chaque passage à la pompe est un peu plus douloureux et vient pulvériser toutes les belles paroles sur la hausse du pouvoir d’achat. Une pétition fait le plein, des manifs sont désormais prévues dans l’Hexagone le novembre. Edouard Philippe défend un «choix courageux» qui vise à modifier les comportements et à préserver les générations futures. Mais le courage n’est rien s’il reste virtuel. Or, un véhicule électrique ne sera pas au prix d’un modèle essence avant . La prime à l’électrique fait une belle jambe au Smicard qui roule dans sa vieille guimbarde diesel pour aller travailler et élever péniblement ses enfants. Dans sa logique vertueuse, le gouvernement réfléchit même à rogner l’avantage fiscal des transporteurs routiers sur le gazole, de manière à récupérer M€ par an. Le défi de l’exécutif est de réussir à penser l’avenir, alors qu’il gratte déjà chaque centime pour gérer le présent. Un rappel : dans ce que nous payons à la pompe, le pétrole brut représente environ un quart du prix, contre plus de % pour les taxes, le solde étant lié aux coûts de raffinage et de distribution. Sans commentaire.