Var-Matin (Grand Toulon)

Le travail des “pyrotines” pendant la Grande Guerre

Dans le cadre des manifestat­ions organisées à l’occasion du centenaire de l’Armistice de 1918, Jacqueline Violet-Repetto a tenu une conférence sur les femmes embauchées à la Pyrotechni­e

- P. B.

L’événement « Traces et mémoires de la Grande Guerre… à SixFours » est riche d’une exposition à visiter jusqu’au 18 novembre à la batterie du Cap nègre, de deux films au Six n’Étoiles et de plusieurs conférence­s au théâtre Daudet. Jacqueline Violet-Repetto, Claude Majastre et Henri Ribot, tous Amis du Patrimoine, proposent en effet des conférence­s intéressan­tes et inédites suite à leurs nombreuses recherches, notamment au Service historique de la Défense. Ce jeudi, Jacqueline a ainsi voulu rendre compte de la participat­ion des femmes pendant cette Première Guerre mondiale en prenant comme exemple les ouvrières de la Pyrotechni­e.

  femmes à Lagoubran

Avant la Première Guerre mondiale, un tiers des femmes travaillai­ent dans les champs et les usines, mais pendant la guerre la proportion va nettement augmenter. En effet, l’énorme besoin en armement et la forte mobilisati­on des 3,7 millions d’hommes sur le front vont amener l’Etat à faire appel aux femmes. Une aubaine pour le millier d’entre elles qui survivaien­t avec une petite allocation de seulement 1,25 franc par jour et 0,50 centime par enfant. C’est ainsi que pendant la guerre, 6 000 femmes sont embauchées à la Pyrotechni­e de Toulon, dans le quartier de Lagoubran. «Il y a malheureus­ement très peu de témoignage­s de ces femmes. Le rôle qu’elles ont joué a été comme oublié de notre mémoire collective », souligne Jacqueline.

Des tâches nocives  h par jour

Derrière leurs appellatio­ns de “munitionne­ttes”, “obusières” ou encore “pyrotines”, se cachaient des conditions de travail très rudes. Si la durée de travail était de 8 heures par jour avant la guerre, elle passe allègremen­t à 11 h, sans jours fériés ni congés. Les tâches étaient aussi diverses que nocives. Ainsi, celles qui chargeaien­t la poudre voyaient leurs cheveux virer du brun à l’auburn. Quelques photos et articles dans Le petit Var témoignent des espaces souvent exigus, de la rigueur, concentrat­ion et mutisme exigés ainsi que des asphyxies et autres accidents. Pendant ces quatre années de dur labeur, quelques compensati­ons ont été accordées aux ouvrières, grâce notamment à la Ligue des Droits de l’Homme ainsi qu’à la presse locale. Leur salaire horaire est ainsi passé de 2,8 francs à 5,5 francs en 1917 et 1,5 litre de lait leur a été donné pour remédier à la nocivité de certains produits manipulés. Jacqueline précise que cette augmentati­on de salaire, qui paraît généreuse, doit être mise dans son contexte. En 1914, un kilo de viande de boeuf coûtait 3,80 francs contre 8 francs en 1918. Malgré leur implicatio­n assidue pendant cette période, la fin de la guerre a mis un terme à leur statut d’ouvrière.

Hausse des divorces après la guerre

L’État leur a alors donné une nouvelle mission : redresser la natalité pour compenser les 1,4 million La suite du programme Mardi  novembre, à h au cinéma Six n’Étoiles, projection de Adama, film pour les scolaires. Mardi  novembre, à  h au théâtre Daudet, conférence « Le monument aux morts et la famille Féraud » par Claude Majastre. Vendredi  novembre, à h au cinéma Six n’Étoiles, projection d’Au revoir là-haut, tout public. Dimanche  novembre,dèshau Brusc puis à Six-Fourscentr­e, commémorat­ion du centenaire de l’Armistice.

de pertes humaines. Si elles ont réintégré leur foyer à la demande générale, les femmes y sont retournées transformé­es, avec un désir d’indépendan­ce souvent peu compris par les époux. Par conséquent, si entre les deux guerres la proportion de femmes au travail est redescendu­e à un tiers de la population, les divorces, eux, ont largement augmenté.

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(Photo P. B.) (Photo DR) Claude Majastre et Jacqueline VioletRepe­tto sont des conférenci­ers très attachés au patrimoine et à la mémoire collective. Une des tâches féminines consistait à contrôler par la pesée la fabricatio­n des fusées.
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