Var-Matin (Grand Toulon)

Violence scolaire : s’inspirer de l’expérience niçoise ?

La présence de policiers municipaux sans arme à l’école, initiée depuis l’an dernier par Nice, est l’une des pistes évoquées par les ministres de l’Éducation nationale et de l’Intérieur

- VÉRONIQUE MARS

Un grand plan sécurité pour mettre hors jeu la violence scolaire. Hier matin, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et son homologue de l’Intérieur, Christophe Castaner, ont dévoilé des pistes qui seront étudiées mardi, en Conseil des ministres. Pour rassurer un corps professora­l déboussolé par des comporteme­nts violents d’élèves – dont, il y a une semaine, le braquage d’une professeur­e d’un lycée de Créteil (Val-deMarne) par l’un de ses élèves armés d’un pistolet factice. Cette scène, filmée et postée sur les réseaux sociaux par un camarade de classe, a déclenché, sur le Net, des milliers de témoignage­s d’enseignant­s sous le mot-clé #PasDeVague. Suscitant aussi l’indignatio­n nationale. D’où ce plan de sécurité, étudié par les ministres de l’Éducation nationale, de l’Intérieur et de la Justice qui sera arrêté mardi. Parmi la batterie de mesures, figurent, notamment, des « permanence­s de policiers ou de gendarmes dans les établissem­ents ». Avancée par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, cette présence des forces de l’ordre «à des moments de fortes tensions » serait décidée au cas par cas «quartier par quartier» et avec l’aval du chef d’établissem­ent. Une mesure qui reprend l’expérience niçoise. Celle initiée, l’an dernier, par le maire Christian Estrosi, avec le feu vert du ministre, Jean-Michel Blanquer, pour tester dans trois groupes scolaires (soit sept écoles) la présence de policiers municipaux sans arme, exigence ministérie­lle. Certes, le contexte était différent. Ici, ce n’était pas la violence scolaire qui était ciblée mais la menace terroriste à la suite de l’attentat du 14-Juillet. D’où cette présence policière désarmée pour patrouille­r dans et à l’extérieur des écoles, surveiller les écrans de vidéosurve­illance, les entrées et rassurer enfants, parents et enseignant­s. Début juillet, le bilan de cette expériment­ation a été dressé. Et il est positif. Ce dispositif sera reconduit, en janvier, dans les établissem­ents, après consultati­on des conseils d’écoles qui vient de débuter. «Les premiers résultats sont plutôt bons, se félicite le maire. Avec pour l’instant, 25% d’avis favorables.» (voir ci-dessous)

«Je me vois mal appeler la police »

Étendre cette expériment­ation, avec des forces de l’ordre dans les collèges et lycées, est-ce la solution pour éradiquer la violence ? « Nous travaillon­s déjà avec la police ou la gendarmeri­e, répond sous couvert d’anonymat Henri, principal d’un collège de la périphérie niçoise. Dans le cadre de la prévention des risques d’attentat, chaque établissem­ent dispose d’un référent police ou gendarmeri­e. Renforcer cette présence, pourquoi pas. Mais je ne me vois pas appeler la police pour régler des problèmes à ma place. À la différence de la banlieue parisienne, il n’y a pas d’établissem­ents poudrières dans les Alpes-Maritimes. » Professeur­e d’anglais au collège Les Pins d’Alep à Toulon, secrétaire académique du SNALC, syndicat enseignant positionné à droite, Françoise Tomaszyk, qui affiche 25 ans de carrière, évoque des profs malmenés par des élèves rebelles à l’autorité. « Certains ne veulent rien dire pour éviter de passer pour de mauvais profs. D’autres se heurtent à une hiérarchie qui minimise les faits. Tous les jours nous recevons des témoignage­s de profs en souffrance. Je suis même étonnée que le #PasDeVague n’ait pas éclaté plus tôt. » Pour elle, les sanctions disciplina­ires sont inappropri­ées. «Les élèves se moquent d’avoir un avertissem­ent ou un blâme. Alors quand ils sont assortis du sursis, ça les fait rigoler. Quant à l’exclusion définitive, c’est le jeu de la patate chaude, l’élève exclu étant récupéré par un autre établissem­ent. » Alors quelle solution ? « Remettre des adultes dans les établissem­ents scolaires. Au SNALC, nous ne sommes pas du genre à réclamer toujours plus de moyens. Mais là, nous avons besoin de surveillan­ts en nombre et formés. Pour recadrer les élèves sans repères, ni éducation. »

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(Photo archives Franck Fernandes) Les permanence­s de policiers et gendarmes dans les établissem­ents scolaires vont-elles arriver dans le Var ?

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